Réaumur : Différence entre versions
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Version actuelle datée du 16 mars 2020 à 21:58
Réaumur est né en 1683 à La Rochelle. Il est parti faire ses études à Poitiers, puis à Bourges, et il arrive enfin à Paris où il entre comme élève à l'Académie des Sciences. On le charge à ce moment-là d'écrire un dictionnaire de description des Arts et Métiers.
L’Académie des Sciences en France, rayonnait. Enfin, il y avait différentes académies en Europe, mais le français était la langue universelle européenne et chaque semaine il y avait des réunions où l'on partageait les travaux et les découvertes. Mais il y avait une loi : il ne fallait pas parler politique, il ne fallait pas parler religion à l'Académie des Sciences. Donc, c'était un endroit où se rencontraient les scientifiques et où l'on exposait les différentes découvertes ou travaux qu'on avait faits.
L'Académie était directement liée à la Cour et les commandes venaient de la Cour. Elles passaient par l'Académie, puis, les gens travaillaient. L'Académie était très puissante.
Qui s'intéresse à ces travaux ?
Presque tout le monde, justement. Chez les riches comme chez... enfin surtout chez les riches bien sûr puisqu'ils avaient davantage de moyens, mais on trouvait partout des cabinets de curiosité* ou des collections que les gens faisaient venir de l'étranger. Il y avait vraiment une véritable passion pour les sciences. Dans la rue on trouvait même des cours sur l'électricité, enfin... il y avait des démonstrations, etc. Il y avait des cours publics pour tous les publics. Les sciences au XVIIIe attirent beaucoup de monde et les gens ont envie de savoir... C'est au XVIIIe que l'on a tout à découvrir... Les scientifiques, au XVIIIe, s'appellent toujours 'philosophes' ; c'est après qu'on a différencié tout ça.
Réaumur, est avant tout un grand observateur, grand observateur de la nature, ensuite expérimentateur.
L'observation est source d'idées nouvelles, de découvertes fortuites.
A l'automne, chaque année, l'Académie, parisienne, ferme ses portes, laissant à Réaumur le loisir de revenir au pays pour y mener ses recherches, diverses et multiples.
Personne n'avait de spécialisation, donc on pouvait travailler dans des domaines très variés, mais les gens ne travaillaient pas quand même dans des domaines si différents les uns des autres, tandis que lui, est passé de l'entomologie à la biologie, aux métaux, ...
Et en effet, la curiosité scientifique de Réaumur est sans bornes. Ses goûts, éclectiques, le poussent à réfléchir sur toutes les énigmes scientifiques qui se présentent :
Sur la porcelaine notamment puisqu'au XVIIIe la porcelaine venait de Chine. Les Français envoyaient des dessins en Chine et on leur réexpédiait de beaux services. Réaumur avait envie de trouver le procédé pour réaliser une porcelaine en France. Il a travaillé à partir d'échantillons qu'un correspondant lui avait donnés, mais il n'a jamais trouvé quelle était la matière composant ces échantillons. Il a donc utilisé différentes choses. Il mélangeait les matières et il est arrivé ainsi à trouver le procédé de dévitrification du verre, mais jamais de la porcelaine. Et c'est un de ses élèves qui a ensuite vu que la matière de base était du kaolin.
Il a travaillé aussi sur le fer. Au XVIIIe, le fer blanc, notamment, vient d'Allemagne, on était donc obligé de l'importer. Réaumur a trouvé comment fabriquer du fer blanc en France et aussi comment rendre la fonte malléable.
Il a travaillé sur le bois, parce que, comme il y avait de nombreuses forges, le bois disparaissait en France, et les gens avaient coupé tous les arbres, même les plus grands.
Et puis il y a le fameux thermomètre : le thermomètre de Réaumur.
Réaumur n'a pas inventé le thermomètre, mais il a travaillé sur un thermomètre.
Avec une graduation, avec un seul point fixe, le degré zéro, et quatre-vingt degrés ; parce que l'ébullition de son alcool se faisait à quatre-vingt degrés, il l'avait gradué de cette manière-là. Ce qu'il a apporté au thermomètre, c'est beaucoup plus de fiabilité, parce que tout le monde avait des thermomètres, souvent à alcool, 'à esprit de vin' disait-on, mais le dosage en degré d'alcool n'était pas toujours le même, ce qui fait que l'ébullition se faisait à des températures différentes. Alors il a apporté cette fiabilité et il a insisté aussi pour qu'on utilise un verre qui soit bien lisse.
Le thermomètre Réaumur a été abandonné très vite en France pour le thermomètre Celsius, gradué en degrés Celsius ; il n'a pas été beaucoup utilisé... il l'a été davantage dans les pays de l'Est.
C'était pour lui, en tous cas, l'indispensable outil d'autres recherches corollaires.
Réaumur n'a pas fait ce thermomètre pour inventer un thermomètre, mais parce qu'il en avait besoin pour ses fours à couver* et pour mesurer la température de ses ruches.
Dès l'Antiquité en Égypte il y avait des couvoirs artificiels dans des fours en briques. Réaumur avait fait venir par ses correspondants des travaux sur ces fours à couver, mais on ne pouvait pas les réaliser en France, on n'avait pas du tout le même climat ; il a utilisé des tonneaux. Dans ces tonneaux il mettait du fumier de cheval ; le fumier de cheval dégageait de la chaleur et dégageait aussi des vapeurs toxiques, qui tuaient le poussin dans l’œuf avant la naissance. Il a donc essayé d'aérer ces tonneaux, mais il avait des naissances inégales. Ensuite, il a fait ses couvoirs dans les fours de boulangers, et en fonction de la température, il déplaçait ses grands plateaux, dont il mesurait la température grâce à son thermomètre. Il déplaçait ses plateaux et au bout de 21 jours il avait des naissances de poussins. Mais comme il n'y avait pas de poules, il a fallu fabriquer une poussinière ; on dit que dans son hôtel de Charenton, où il vivait à Paris, il avait une grande poussinière. Les couveuses artificielles pour les poulets en France datent de Réaumur.
Quant à ses études sur les abeilles :
Il avait trempé ses ruches dans de l'eau froide, ainsi il a anesthésié les abeilles et il les a comptabilisées de cette façon. Il a vu qu'il y avait une reine par ruche, ce qu'on ignorait. Il a donné au mâle le nom de 'faux bourdon', et il a vu aussi qu'il y avait beaucoup d'ouvrières. Il a observé aussi les nids de frelons et, en observant les nids de frelons, il a vu que leur matière ressemblait beaucoup à du papier. Pour faire leurs nids les frelons broyaient du bois, Réaumur s'est dit qu'on pourrait peut-être commencer à faire du papier à partir du bois, parce qu'on le faisait à partir du tissu au XVIIIe, ce n'est qu'au XIXe qu'on a commencé à faire le papier à partir du bois. Mais il avait fait ces travaux d'approche…
Il observait, il a expliqué beaucoup de phénomènes sur la parthénogenèse de certains pucerons ; les recherches et observations sur les insectes, représentent une grande partie de ses travaux.
Il a aussi travaillé sur les araignées. Il a comparé différentes soies, parce qu'on lui avait apporté à l'Académie des Sciences des bas et des mitaines* faits en soie d'araignée. Il a comparé le travail du ver-à-soie à celui de la soie d'araignée. La soie d'araignée avait des couleurs magnifiques naturellement. Ensuite la soie d'araignée était beaucoup plus solide, seulement quand elles sont capturées, qu'elles vivent entre elles, elles se dévorent au bout d'un certain temps, et il était pas rentable d'élever des araignées. Pour faire une livre de soie, il fallait 55 000 araignées environ alors qu'il ne faut que 2500 vers-à-soie. Ce procédé a donc été abandonné, mais actuellement on retravaille sur la soie d'araignée parce qu'elle est beaucoup plus solide... et elle est utilisée dans l'aviation...
Ainsi se conserve la mémoire de l'un des plus illustres représentants de son siècle, le Siècle des Lumière mais aussi celui des rivalités obscures entre des chercheurs passionnants... et bien sûr passionnés. A chacun son génie et son tempérament. On se jalouse, parfois.
Il était célèbre, mais il n'était pas ami avec les encyclopédistes, donc, l'Encyclopédie, au XVIIIe, reste quand même aujourd'hui une sacrée référence. Et Réaumur n'en était pas, en fait c'est parce qu'on lui avait volé des planches de ses gravures qui avaient été diffusées dans l'Encyclopédie sans son accord ; ce sont ses graveurs qui avaient revendu ses planches… en conséquence, il avait quelques griefs envers eux. De plus il ne s'entendait pas avec Diderot et avec Buffon, n'ayant pas la même approche scientifique qu'eux. Réaumur était quelqu'un d'assez conservateur, alors que le XVIIIe des encyclopédistes, était autre chose, quelque chose de novateur.
Réaumur était en correspondance avec de nombreux autres savants un peu partout dans le monde. Son œuvre traverse maintenant le temps. Il nous lègue, outre ses découvertes et la référence d'un chercheur exemplaire, de magnifiques croquis réalisés à sa demande par sa collaboratrice, mademoiselle de Marsilly.
Réaumur fut directeur de l'Académie des Sciences ; il est resté à la tête de l'Académie des Sciences pendant plus de 40 ans.
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