Tazieff

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Haroun Tazieff, né le 11 mai 1914 à Varsovie et décédé le 2 février 1998, était un géologue, un volcanologue, naturalisé successivement belge puis français. Personnage médiatique, il a été un pionnier de la communication entre les volcanologues et le grand public.

Haroun Tazieff est né à Varsovie, alors partie de la Russie tsariste, d'un père Tatar, né à Yangi-Yer, docteur en médecine, et d'une mère russe, née à Dvinsk qui était chimiste et docteur en sciences politiques. Son père meurt au front dès le début de la Première Guerre mondiale. Avec sa mère, il émigre vers la Belgique fin 1920 où il réside apatride, avant de recevoir la nationalité belge en 1936.

Étudiant, boxeur (champion de Belgique universitaire), puis champion du Katanga, résistant, compagnon de Cousteau sur la Calypso, spéléologue et volcanologue, Haroun Tazieff a suivi des études en Russie et en Belgique. Il fut diplômé Ingénieur agronome de la Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux en 1938, soldat, résistant et diplômé ingénieur géologue de l'Université de Liège en 1944.

Il est enterré au cimetière de Passy à Paris.


Haroun Tazieff et la Calypso :

Haroun Tazieff a participé uniquement à la première expédition de la Calypso du Commandant Cousteau en mer Rouge qui a commencé le 24 novembre 1951. Il a été embarqué à l'époque comme géologue et volcanologue et Cousteau lui a promis de magnifiques opportunitées pour visiter les volcans de Djibouti et de l'Ethiopie. Bien que Haroun Tazieff n'ait pas le pied marin, cette proposition l'avait beaucoup séduit.

Selon une anecdote, il avait beaucoup souffert du mal de mer au cours de la traversée. Arrivé au large de l'île d'Abu Lath, Tazieff décide de descendre à terre discrètement pendant la nuit pour la passer en contemplant les astres.
Le lendemain, lorsque le docteur de l'expédition va le chercher sur l'île, il trouve un homme décomposé, anéanti qui n'a pas pu fermer l'œil un seul instant. Le volcanologue ignorait que la nuit, sur les îles coraliennes, des armées de crabes violonistes sortent de leurs trous et arpentent le sable à la recherche de quelques mouches ou vermisseaux. Cette nuit là, ils n'avaient que Tazieff à se mettre sous les pinces ! Ne pouvant trouver un abri sur sa platitude de sable dépourvue de toute végétation, le pauvre Tazieff a dû lutter toute la nuit, comme la chêvre de monsieur Seguin. Tazieff est doublement mortifié. D'abord, d'avoir raté son escapade à terre, que tout le monde aurait pu lui envier. Ensuite, d'avoir terni à jamais son image de baroudeur intrépide en se faisant harceler par d'inoffensives bestioles. L'humiliation suprême, lorsque l'on partage la vie de plongeurs qui affrontent les requins sans trembler (disent-ils) et qui en savent beaucoup plus que lui, géologue, sur la géographie tropicale. Tazieff, piégé par méconnaissance du terrain : du jamais vu ! Cette mésaventure le brouillera définitivement avec le milieu marin, qui n'est décidément pas son biotope.
Voilà un petit aspect de l'expérience du géologue Haroun Tazieff au sein de l'équipe de la Calypso.
Mais en voici une autre version :
S'il est certain que Tazieff souffrait du mal de mer et qu'une escapade sur la terre ferme avait tout pour le réconforter, plusieurs de ses coéquipiers étaient comme lui chargés d'inventorier tout ce qui pouvait l'être sur Abu Lat. Le récit rapporté ci-dessus, pour amusant qu'il soit, manque de crédibilité. Chargé de dresser la topographie de cette île non totalement dépourvue de végétation, Tazieff -entomologue et naturaliste avant d'être géologue et volcanologue- a pu longuement observer le comportement des crabes ocypodes. La description qu'il donne de leur comportement et sa relation de cette nuit où ces charmantes bestioles avaient décidé à leur tour de l'observer de près, chacun peut la trouver au chapitre "les crabes" de son livre "L'eau et le feu", publié chez Arthaud en 1953.

Il a écrit de nombreux ouvrages et réalisé plusieurs films documentaires.

  • Cratères en feu, 1951.
  • Les rendez-vous du diable, c.1961.
  • Histoires de volcans, 1978.
  • 15 aventures sous terre, c.1970.
  • L'Etna et les volcanologues, c.1971.
  • Vingt-cinq ans sur les volcans du globe, 1974-1975.
  • L'odeur du soufre : expédition en Afar, c.1975.
  • Cordillères, séismes et volcans, c.1975.
  • Niragongo, ou, Le volcan interdit, c1975.
  • Le gouffre de la Pierre Saint-Martin, 1952.
  • Jouer avec le feu, 1976 .
  • Cratères en feu, 1978.
  • Erebus, volcan antarctique, c.1978.
  • La Soufrière et autres volcans, c.1978.
  • Ouvrez donc les yeux : conversations sur quelques points brûlants d'actualité, 1980.
  • Ça sent le soufre, c.1981.
  • Les volcans et la dérive des continents, 1984.
  • Quand la terre tremble, 1986.
  • La prévision des séismes, 1989.
  • Le volcanisme et sa prévention, 1990.
  • Sur l'Etna, 1991.
  • Les défis et la chance : ma vie, c.1991-1992.
  • La terre va-t-elle cesser de tourner? : pollutions réelles, pollutions imaginaires, 1992.
  • Volcans, 1996.
  • Les Rendez-vous du Diable, 1958-1959.
  • Le Volcan interdit, 1966.
  • La Terre, son visage, 1984.
  • La Mécanique de la Terre, 1984.
  • Les Colères de la Terre, 1984.
  • Les Déserts arides de glaces, 1984.
  • Les Eléments naturels qui façonnent le paysage de la Terre.
  • Haroun Tazieff et les volcans, 1984.
  • Volcans d'Europe et de France, 1984.
  • Retour à Samarkand, 1991.

Il fut successivement :

  • assistant de faculté ;
  • ingénieur aux mines d'étain du Katanga (République Démocratique du Congo - ex-Congo Belge), en 1945 ;
  • géologue au service géologique du Congo belge, l'éruption du Kituro qu'il étudia en 1948, détermina sa passion pour la volcanologie, et il se lança dans l'étude, « sur le vif », de la phénoménologie des éruptions et de leur prévision, et dans la vulgarisation de la volcanologie ;
  • chargé de cours à l'Université Libre de Bruxelles, en 1957, où il anime le Centre national de volcanologie ;
  • chargé de cours à la faculté des sciences de Paris, en 1958, il est nommé directeur du laboratoire de volcanologie de l'Institut de physique du globe de Paris et s'installe en France. Il se consacra à une longue série d'expéditions volcanologiques (vallée des Dix mille fumées en Alaska, dépression de l'Afar, Nyiragongo, Erta Ale, mont Erebus, et bien d'autres volcans comme l'Etna, Faial, la Soufrière de la Guadeloupe,...) ;
  • chargé de cours à la faculté des sciences d'Orsay ;
  • en 1972, maître puis directeur de recherche au CNRS, au laboratoire de volcanologie du Centre des faibles radioactivités de Gif-sur-Yvette qui se spécialisait notamment dans les gaz éruptifs ;
  • président du conseil scientifique de l'institut de volcanologie (Rome, Catane, Pise) ;
  • responsable du service volcanologique de l'Institut de physique du globe de Paris et responsable de la surveillance de la Montagne Pelée à la Martinique et de la Soufrière à la Guadeloupe de 1973 à 1976 ;
  • en 1981, commissaire à l'étude et à la prévention des catastrophes naturelles.

De 1984 à 1986, cet homme de gauche fut secrétaire d'État chargé de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs auprès de Laurent Fabius, Premier ministre de François Mitterrand. Ce poste de secrétaire d'Etat sera supprimé dans le gouvernement Chirac en 1986.

Il fut président du Comité supérieur des risques volcaniques de 1988 à 1995, et membre de la société Philomatique et de l'Explorers club de New York.


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