Promenade géologique à la Mine des Sards : Différence entre versions

De Géowiki : minéraux, cristaux, roches, fossiles, volcans, météorites, etc.
Aller à : navigation, rechercher
Ligne 222 : Ligne 222 :
 
</center>
 
</center>
 
<br>
 
<br>
 +
 +
Remontons maintenant vers la falaise et dirigeons nous dans la partie nord ouest de la baie. Cachée en partie par la végétation et le sable qui descend de la partie supérieure, on peut observer la zone de la [[faille]] : à droite la partie sédimentaire liasique, à gauche (couleur ocre) le socle cristallophyllien primaire. Orientée pratiquement nord sud, le [[rejet]] de cette faille est d'environ 25 mètres.
 +
 +
[[Image:mine sards faille.jpg|thumb|440px|Faille au fond de la baie de la mine des Sards]]
  
  
 
Pour plus d'informations, consulter le document suivant : <br>
 
Pour plus d'informations, consulter le document suivant : <br>
Histoire de la géologie en Tamondais (Le Naturaliste Vendéen N°3, 2003, 13-28) : file:///C:/Users/Cyrille/Downloads/godard_2003_talmondais%20(1).pdf
+
Histoire de la géologie en Talmondais (Le Naturaliste Vendéen N°3, 2003, 13-28)

Version du 9 mars 2015 à 22:49

Promenade géologique à la Mine des Sards (Vendée)


sujet en cours de réalisation

Situé sur la commune de Talmont-Saint-Hilaire, un peu au nord-ouest de Port-Bourgenay, le site de cette ancienne mine est situé sur la côte, en bordure du Bois de la Mine. Il s'agit d'une petite anse sédimentaire bien connue des amateurs de pêche à pied mais aussi des amateurs de géologie.
Cette zone, comme tout le littoral compris entre Les Sables d'Olonne et Bourgenay, fait l'objet d'un inventaire ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique). http://inpn.mnhn.fr/docs/ZNIEFF/znieffpdf/520016279.pdf
Le chemin qui longe la mer tout le long de cette côte ne manque pas d’intérêt, tant géologique que floristique ou faunistique. Et le simple plaisir de cette promenade en bord de mer peut satisfaire les personnes non portées vers les Sciences de la Nature.

Carte générale situant la zone de la Pointe du Payré

Une petite route (direction Les Viviers de la Mine) permet de rejoindre facilement le site où un parking est disponible.

Vue aérienne du site


Ne pas confondre cette mine (appelée dans les anciens textes : mine des Essarts, mine des Sarts, mine des Sards ou mine de l'Essart) avec la mine de Jard, plus au sud (voir promenade à la pointe du Payré).
Le mot "sarts" (d'où le nom du site) désigne ici les tas de varech ou de goëmon arrachés par la mer et qui viennent s'échouer sur les côtes. Ces algues-épaves furent de tout temps recueillies par les paysans aux alentours pour fumer les terrains sablonneux de leur parcelle maraîchère.

Ascophyllum nodosum, une des algues classiques de l'estran.

Pour mieux situer la promenade, quelques vues générales de la baie.

-vues du nord vers le sud :

Vue de la baie en direction du Sud. La bâtiment correspond aux Viviers de La Mine


La mine est au fond, à peu près au bout des branches.


-vue du sud vers le nord :

Vue en direction du nord.


Au premier plan, le ruisseau de la Mine.

Pour comprendre cette zone, il faut savoir que normalement devrait affleurer ici le socle cristallophyllien qui depuis les Sables (et au-delà au nord), se rencontre jusqu'à la pointe du Payré (Jard-sur-Mer).
Mais l'existence de failles a permis l'abaissement de certains compartiments rocheux (c'est le cas à St Jean d'Orbestiers, à la baie de Cayola et donc à cette zone de la Mine). L'observation de séries sédimentaires est alors possible.
Sur un extrait géologique de la zone (d'après la carte géologique des Sables d'Olonne), on voit bien la présence des failles (en rouge). Sur la droite (en jaune et orangé) la série cristallophyllienne et à gauche (en bleu et vert) les couches sédimentaires.


600ppx
600ppx

Une grande partie du fond de l'anse est encombrée de galets de lias silicifié ; ces cordons de galets se retrouvent en de nombreux autres endroits de la côte (Pointe du Payré, Cayola...). Extrêmement durs, ils sont généralement marqués par les chocs dus aux mouvements des vagues.

Cordon de galets choqués.


Le lias silicifié (Hettangien en grande partie) forme toute une zone rocheuse en bordure de côte dans la partie sud-ouest de la baie.

Falaise de lias silicifié.


Lias silicifié.


Lias silicifié avec traces d'oxyde de fer.


Très fracturé, ce lias présente un grand nombre de failles, poches et espaces dans lesquels on peut observer de belles cristallisations en placages de quartz. La très grande dureté du support liasique rend l'extraction d'échantillons en place déconseillée. Mieux vaut profiter de l'action régulière des vagues qui lors des fortes marées ne manquent pas de frapper la roche et d'en détacher parfois des blocs susceptibles de receler quelques échantillons récupérables.
Cependant, les chocs perpétuels des galets sur les roches à chaque marée haute provoquent très rapidement l'usure puis la destruction de ces cristallisations.

Géode de quartz (photo titi250248).



Placage de quartz
Cristaux de quartz



Placage de quartz émoussé par le choc des vagues et des galets.



La tempête du début de l'année 2010 a fait des dégâts certes sur nos côtes mais a crée des éboulements de falaises un peu partout. Et la violence de la mer a même réussi à fracturer ce lias super solide abritant les poches de quartz. Après la tempête nous avons eu la chance de pouvoir récolter quelques échantillons intacts. Les couleurs sont variées : transparent, blanchâtre, gris à bleuté et même brun à cognac. La taille des têtes de quartz peut atteindre le centimètre.

Quelques échantillons représentatifs :

Cristaux de quartz
Cristaux de quartz



Cristaux de quartz
Cristaux de quartz




Cristallisation de quartz


En cassant des blocs de Lias ou des galets, de petites géodes sont parfois visibles ; outre le quartz, de petits cristaux de barytine peuvent être observés.

Petits cristaux de barytine dans géode de Lias


Pour en finir avec le quartz, signalons, un peu plus au sud le long de la côte en se dirigeant vers Bourgenay, une cristallisation de quartz particulière, donnant un aspect de petites crêtes. Ressemblant à une cristallisation commune de barytine, la dureté du minéral permet sans aucun doute de reconnaître le quartz. On peut d'ailleurs retrouver des cristallisations un peu semblables, mais moins spectaculaires, au niveau de la falaise du Bois Saint-Jean (un peu au Nord de Cayola).

Quartz d'aspect crêté. Entre la mine et Bourgenay (photo lolo et thalie)


Intéressons nous à présent à l'objet principal de ce site, à savoir la mine, qui a donné son nom au site. L'ouverture est facile à observer dans la zone liasique dont nous venons de parler. De ce coté de la baie, toutes les couches sédimentaires (Domérien, Carixien -très réduit- et Sinémuro Hettangien) sont silicifiées.

Entrée de la mine dans le lias silicifié


Aux alentours de l'entrée de la mine, des observations de fossiles sont possibles, malgré la dureté de la roche : Pseudopecten, Belemnites, Ammonites, Coraux. Cependant, c'est de l'autre coté de la baie, dans la zone non silicifiée, que les fossiles sont plus facilement observables. Nous en parlerons plus tard.

Fossiles dans le Lias silicifié


Empreinte de coraux dans le lias silicifié. (photo lolo et thalie)


Il est peut-être temps de replacer la mine dans son contexte historique.

L'intérêt pour la géologie de la région ne débuta réellement qu'avec la découverte en 1775 de galène argentifère au lieu-dit les Sarts, par Veillon de Boismartin. Lorsque Louis XVI rechercha des ressources financières vers 1780, il chargea le Baron Von Dietricht d'inspecter (entre autres) tous les gîtes de minerai contenant de l'argent de la région.
Le microfilm du rapport de De Dietrich existe aux Archives Départementales de la Vendée.

Voyons quelques extraits de ce rapport concernant la région sablaise.

A propos de la vision globale de la géologie de la région à l'époque :
" Je commençais par visiter la côte pour prendre une idée de la nature des rochers qui renferment ces mines. Je suivis le rivage en allant du coté des Sables jusqu'à un endroit nommé Caillola, sur une longueur de plus de trois quarts d'heures de chemin. J'y vis toute la côte composée d'une espèce de gneiss ou d'un mélange de quartz, de mica et d'argile qui se divise en dalles. Le grain de cette roche ressemble assez communément à celui du grès. Au-dessus de ce gneiss, dont les bancs sont inclinés du coté des terres, et qu'on y voit presque généralement au niveau de la mer, sont des rochers de granit, variant beaucoup dans le mélange et la grosseur des grains de leurs parties constituantes. Ces bancs de gneiss sont coupés par un grand nombre de veines de quartz et de feldspath dans toutes sortes de directions."

A propos de la mine :
"La concession de la mine en avait été faite , pour trente années au sieur Robert Granville fils, par arrêt du conseil d'Etat en date du 27 mars 1779. Il est certain que cette mine a été exploitée pendant plusieurs années ; ceci résulte du moins d'un rapport de M. le baron de Dietrich, commissaire du roi , à la visite des mines. Mais, à une époque qui n'est pas connue , la concession a été complètement abandonnée."

Petite description d'époque de la mine par le baron De Dietrich :
"J'entrai dans une galerie prise dans la berge ; voici ce que j'y vis : à quinze pieds du jour, on a suivi trois veines différentes; on a joint celle qui se trouve le plus à gauche par une petite traverse de deux toises, dans du pétrosilex noirâtre. On y voit un filet qui contient de la galène à petits grains dans du quartz friable, de deux pouces d'épaisseur au plus, sans éponte suivie, presque vertical......"
Pour info, voici en mesures actuelles, l'équivalence des termes employés ici :
-le grain : 0,053 g
-la toise : 1,94904 m
-la lieue : 3,898 km
-le pied : 34 cm environ

L'entrée de la mine est aujourd'hui en grande partie obstruée par les galets que la mer finit par remonter lors des tempêtes jusqu'à l'intérieur. Le passage est cependant toujours possible mais en rampant (à la manière spéléo) sur un vingtaine de mètres.

Début de la galerie de la mine des Sards.


Quelques images de l'intérieur de la mine :

Intérieur de la mine
Intérieur de la mine




Intérieur de la mine
Intérieur de la mine




Mais, à part un peu de quartz, aucune minéralisation visible dans toute la partie accessible. Seule une galerie très réduite n'a pas été explorée. Il faut dire que d'après les textes, les filons ne faisaient que quelques centimètres d'épaisseur, donc l'extraction a été totale probablement. L'extraction pour l'argent, concernait d'après les textes la galène argentifère mais celle-ci est actuellement très rare à observer sur le site. Par contre, la pyrite y est abondante comme on le verra.

Vue sur la baie de la sortie de la mine


Le filon se prolongeant dans la mer, il y eut exploitation dans la baie comme le raconte les textes d'époque :

"On avait commencé les travaux des Essarts par des tailles ouvertes prises sur ces veines dans la baie... quoiqu'on fut forcé de se retirer à chaque marée et d'employer une bonne partie des douze heures qui restaient libres dans les 24, à épuiser les eaux des travaux et à les nettoyer."

et pour décrire le travail :

"On employait un maître-mineur et 50 ouvriers, tant mineurs que fondeurs, forgerons et manœuvres commandés par un directeur et un contrôleur auxquels on a joint un ingénieur des mines."
"On a construit un boccard à eau, avec 7 tables à laver, et l'eau n'étant pas suffisante, on en faisait puiser, au moyen d'une machine à molettes mue par des chevaux. Il y avait de plus deux petits lavoirs anglais, deux fourneaux à manches, deux avec des soufflets mus à bras d'homme, deux fourneaux à coupelle et de très mauvaises baraques pour les employés et les mineurs."

Le minerai extrait rendait 14 à 15 onces d'argent au quintal de plomb soit 430 grammes pour 100 kilos de galène environ. Il ne reste que très peu de traces sur le site des constructions ou aménagements effectués mais les conditions de vie des ouvriers étaient très précaires. Difficile d'imaginer cela en voyant le site actuel.
On peut lire :
" L'air y est si mauvais que depuis le commencement de l'exploitation,les directeurs et maîtres-ouvriers y ont été accablés par les fièvres quartes obstinés et que plusieurs y ont successivement péri."

La fièvre quarte fait surement référence au paludisme, présent en France à cette époque !

Un autre extrait à propos des travaux en tranchée directement dans la baie :

"On a de la peine à concevoir que cette manière de travailler à tranchée ouverte ait pu être considérée comme avantageuse pour la Compagnie. Un travail interrompu de 6 heures en 6 heures dans lequel il faut perdre une partie du temps à nettoyer et vider, où les ouvriers sont constamment dans la fange et exposés à toutes les injures du temps, où la poudre n'agit jamais que dans l'humidité......"

Les minéralisations étant rares au niveau de la falaise même ou de la mine, mieux vaut chercher celles-ci sur l'estran à marée basse. De légers mouvements tectoniques ont en effet permis la fracturation du lias silicifié et des remontées hydrothermales responsables de minéralisations.

La présence d'algues et l'usure due aux mouvements de la mer et aux chocs des galets rendent plus difficiles la détection des filons. Mais la présence de pyrite est associée à une couleur brun rouge bien visible sur les rochers. Il est facile de suivre les filons sur plusieurs mètres, voire plus.

Filon de pyrite de la baie.


Le choc des galets laissent parfois deviner en bordure de ces croûtes rougeâtres la teinte dorée de la pyrite.

Pyrite de la baie.


et parfois même, la pyrite est visible.

Pyrite de la baie des Sards.


L'extraction d'échantillons est possible mais leur conservation est généralement impossible, la pyrite se décomposant progressivement.

Pour la galène (argentifère), il est beaucoup plus difficile de la repérer. Comme ce fut l'objet principal de l'exploitation, il ne doit plus rester grand chose. De plus les filonnets (d'après les textes) étaient très étroits.
Là où il y a de la galène, l'action de la mer permet de voir, par usure, des surfaces grises (peu visibles), souvent associées à des formes mamelonnées.

Zone de galène de la baie des Sards.


Mais dès qu'on casse le bloc, la présence de galène (associée au quartz) est bien nette.

Galène et micro-quartz de la baie


Galène et micro-quartz de la baie


Profitons de cette exploration sur l'estran pour remarquer, à la base de l'Hettangien silicifié, une belle couche d'argile bleu-vert. Cette formation en plusieurs autres endroits de la côte : à la pointe du Payré, au Veillon et à l'anse du Bois Saint-Jean par exemple.

Couche d'argile bleu-vert (base de l'Hettangien silicifié)


Argile bleu-vert


Remontons maintenant vers la falaise et dirigeons nous dans la partie nord ouest de la baie. Cachée en partie par la végétation et le sable qui descend de la partie supérieure, on peut observer la zone de la faille : à droite la partie sédimentaire liasique, à gauche (couleur ocre) le socle cristallophyllien primaire. Orientée pratiquement nord sud, le rejet de cette faille est d'environ 25 mètres.

Faille au fond de la baie de la mine des Sards


Pour plus d'informations, consulter le document suivant :
Histoire de la géologie en Talmondais (Le Naturaliste Vendéen N°3, 2003, 13-28)