Promenade géologique à la Mine des Sards : Différence entre versions

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<center>[[Image:mine sards fossiles lias.jpg|thumb|600ppx|Fossiles dans le Lias silicifié]]</center><br>
 
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Il est peut-être temps de replacer cette mine dans son contexte historique.<br>
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Lorsque Louis XVI rechercha des ressources financières vers 1780, il chargea le Baron Von Dietricht d'inspecter (entre autres) tous les gîtes de [[minerai]] contenant de l'argent de la région. Le microfilm de son rapport existe aux Archives Départementales de la Vendée.<br>
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Voyons quelques extraits de ce rapport concernant la région sablaise. Et tout d'abord, comment on considérait la géologie globale de la région à l'époque :<br>
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" Je commençais par visiter la côte pour prendre une idée de la nature des rochers qui renferment ces mines. Je suivis le rivage en allant du coté des Sables jusqu'à un endroit nommé Caillola, sur une longueur de plus de trois quarts d'heures de chemin. J'y vis toute la côte composée d'une espèce de gneiss ou d'un mélange de quartz, de mica et d'argile qui se divise en dalles. Le grain de cette roche ressemble assez communément à celui du grès. Au-dessus de ce gneiss, dont les bancs sont inclinés du coté des terres, et qu'on y voit presque généralement au niveau de la mer, sont des rochers de granit, variant beaucoup dans le mélange et la grosseur des grains de leurs parties constituantes. Ces bancs de gneiss sont coupés par un grand nombre de veines de quartz et de spath dans toutes sortes de directions."<br>

Version du 5 mars 2015 à 21:52

Promenade géologique à la Mine des Sards (Vendée)


sujet en cours de réalisation

Situé sur la commune de Talmont-Saint-Hilaire, un peu au nord-ouest de Port-Bourgenay, le site de cette ancienne mine est situé sur la côte, en bordure du Bois de la Mine. Il s'agit d'une petite anse sédimentaire bien connue des amateurs de pêche à pied mais aussi des amateurs de géologie.
Cette zone, comme tout le littoral compris entre Les Sables d'Olonne et Bourgenay, fait l'objet d'un inventaire ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique). http://inpn.mnhn.fr/docs/ZNIEFF/znieffpdf/520016279.pdf
Le chemin qui longe la mer tout le long de cette côte ne manque pas d’intérêt, tant géologique que floristique ou faunistique. Et le simple plaisir de cette promenade en bord de mer peut satisfaire les personnes non portées vers les Sciences de la Nature.

Carte générale situant la zone de la Pointe du Payré

Une petite route (direction Les Viviers de la Mine) permet de rejoindre facilement le site où un parking est disponible.

Vue aérienne du site


Ne pas confondre cette mine (appelée dans les anciens textes : mine des Essarts, mine des Sarts, mine des Sards ou mine de l'Essart) avec la mine de Jard, plus au sud (voir promenade à la pointe du Payré).
Le mot "sarts" (d'où le nom du site) désigne ici les tas de varech ou de goëmon arrachés par la mer et qui viennent s'échouer sur les côtes. Ces algues-épaves furent de tout temps recueillies par les paysans aux alentours pour fumer les terrains sablonneux de leur parcelle maraîchère.

Ascophyllum nodosum, une des algues classiques de l'estran.

Pour mieux situer la promenade, quelques vues générales de la baie.

-vues du nord vers le sud :

Vue de la baie en direction du Sud. La bâtiment correspond aux Viviers de La Mine


La mine est au fond, à peu près au bout des branches.


-vue du sud vers le nord :

Vue en direction du nord.


Au premier plan, le ruisseau de la Mine.

Pour comprendre cette zone, il faut savoir que normalement devrait affleurer ici le socle cristallophyllien qui depuis les Sables (et au-delà au nord), se rencontre jusqu'à la pointe du Payré (Jard-sur-Mer).
Mais l'existence de failles a permis l'abaissement de certains compartiments rocheux (c'est le cas à St Jean d'Orbestiers, à la baie de Cayola et donc à cette zone de la Mine). L'observation de séries sédimentaires est alors possible.
Sur un extrait géologique de la zone (d'après la carte géologique des Sables d'Olonne), on voit bien la présence des failles (en rouge). Sur la droite (en jaune et orangé) la série cristallophyllienne et à gauche (en bleu et vert) les couches sédimentaires.


600ppx
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Une grande partie du fond de l'anse est encombrée de galets de lias silicifié ; ces cordons de galets se retrouvent en de nombreux autres endroits de la côte (Pointe du Payré, Cayola...). Extrêmement durs, ils sont généralement marqués par les chocs dus aux mouvements des vagues.

Cordon de galets choqués.


Le lias silicifié (Hettangien en grande partie) forme toute une zone rocheuse en bordure de côte dans la partie sud-ouest de la baie.

Falaise de lias silicifié.


Lias silicifié.


Lias silicifié avec traces d'oxyde de fer.


Très fracturé, ce lias présente un grand nombre de failles, poches et espaces dans lesquels on peut observer de belles cristallisations en placages de quartz. La très grande dureté du support liasique rend l'extraction d'échantillons en place déconseillée. Mieux vaut profiter de l'action régulière des vagues qui lors des fortes marées ne manquent pas de frapper la roche et d'en détacher parfois des blocs susceptibles de receler quelques échantillons récupérables.
Cependant, les chocs perpétuels des galets sur les roches à chaque marée haute provoquent très rapidement l'usure puis la destruction de ces cristallisations.

Placage de quartz
Cristaux de quartz



Placage de quartz émoussé par le choc des vagues et des galets.



La tempête du début de l'année 2010 a fait des dégâts certes sur nos côtes mais a crée des éboulements de falaises un peu partout. Et la violence de la mer a même réussi à fracturer ce lias super solide abritant les poches de quartz. Après la tempête nous avons eu la chance de pouvoir récolter quelques échantillons intacts. Les couleurs sont variées : transparent, blanchâtre, gris à bleuté et même brun à cognac. La taille des têtes de quartz peut atteindre le centimètre.

Quelques échantillons représentatifs :

Cristaux de quartz
Cristaux de quartz



Cristaux de quartz
Cristaux de quartz




Cristallisation de quartz


En cassant des blocs de Lias ou des galets, de petites géodes sont parfois visibles ; outre le quartz, de petits cristaux de barytine peuvent être observés.

Petits cristaux de barytine dans géode de Lias


Intéressons nous à présent à l'objet principal de ce site, à savoir la mine, qui a donné son nom au site. L'ouverture est facile à observer dans la zone liasique dont nous venons de parler. De ce coté de la baie, toutes les couches sédimentaires (Domérien, Carixien -très réduit- et Sinémuro Hettangien) sont silicifiées.

Entrée de la mine dans le lias silicifié


Aux alentours de l'entrée de la mine, des observations de fossiles sont possibles, malgré la dureté de la roche : Pseudopecten, Belemnites, Ammonites. Cependant, c'est de l'autre coté de la baie, dans la zone non silicifiée, que les fossiles sont plus facilement observables. Nous en parlerons plus tard.

Fossiles dans le Lias silicifié



Il est peut-être temps de replacer cette mine dans son contexte historique.

Lorsque Louis XVI rechercha des ressources financières vers 1780, il chargea le Baron Von Dietricht d'inspecter (entre autres) tous les gîtes de minerai contenant de l'argent de la région. Le microfilm de son rapport existe aux Archives Départementales de la Vendée.

Voyons quelques extraits de ce rapport concernant la région sablaise. Et tout d'abord, comment on considérait la géologie globale de la région à l'époque :

" Je commençais par visiter la côte pour prendre une idée de la nature des rochers qui renferment ces mines. Je suivis le rivage en allant du coté des Sables jusqu'à un endroit nommé Caillola, sur une longueur de plus de trois quarts d'heures de chemin. J'y vis toute la côte composée d'une espèce de gneiss ou d'un mélange de quartz, de mica et d'argile qui se divise en dalles. Le grain de cette roche ressemble assez communément à celui du grès. Au-dessus de ce gneiss, dont les bancs sont inclinés du coté des terres, et qu'on y voit presque généralement au niveau de la mer, sont des rochers de granit, variant beaucoup dans le mélange et la grosseur des grains de leurs parties constituantes. Ces bancs de gneiss sont coupés par un grand nombre de veines de quartz et de spath dans toutes sortes de directions."