Peut on faire du Bleu avec du Vert ?

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PEUT-ON FAIRE DU BLEU AVEC DU VERT ?


A priori tout le monde vous répondra que non ! Le bleu faisant partie des couleurs primaires avec le rouge et le jaune...(Cyan, magenta et jaune pour les puristes)

Et pourtant il y a près de trente siècles les Egyptiens ont réussi ce tour de passe-passe… Voici comment...

- Les Artistes de l'Ancienne Egypte utilisaient des pigments d'origine minérale, végétale ou animale en fonction de leurs propriétés et de leurs besoins :

- Des terres, des argiles ocres et rouges, oxydes de fer, ou bien encore un autre composant de la croûte terrestre, le dioxyde de manganèse, qui était parfait pour les bruns... Sous la forme de pigments naturels trouvés pour la plupart en affleurement de dépôts géologiques sédimentaires ou sous forme de concentrations, dont ils se servirent pour réaliser leurs fresques.

- Ils avaient également à leur disposition :

. - Un blanc : Sulfate de calcium (qui s'est d'ailleurs parfaitement conservé était du gypse ou plâtre) le sulfate de calcium, ou gypse, ne devient du plâtre qu'après cuisson = deshydratation - lequel plâtre redevient du gypse lorsqu'on le réhydrate = réhydratation suivie d'une recristallisation
. Un vert tiré du cuivre, vert malachite, Cu2+2(CO3) (HO)2.
. Un bleu tiré du lapis-lazuli, un allumino-silicate de sodium dont le prix était prohibitif.
. Un jaune à base de soufre et d'arsenic : l'orpiment, As2S3.
. Un jaune antimoniate de plomb sous sa forme naturelle : giallo di Napoli (jaune de Naples).
. Un rouge à base de sulfure et de mercure : le cinabre, HgS.
. Un autre rouge : le réalgar, bisulfure d'arsenic (AsS).
. Un noir d'origine végétale ou animale provenant de restes calcinés (charbon de bois, vigne - ivoire ou os calcinés)

- Les jaunes comme je l'ai précédemment souligné étaient tirés de l'ocre (oxyde de fer) avec quelques variantes, en effet si on calcine de l'ocre on obtient de l'ocre rouge… = changement d'état du fer.

Mais revenons au bleu puisque c'est de lui qu'il s'agit ! Initialement les artistes égyptiens obtenaient leur bleu en broyant du lapis lazuli, cependant cette importation d'Afghanistan leur revenant fort cher… ils décidèrent de créer leur propre bleu…

Après quelques tatônnements, leurs chercheurs finirent par trouver la solution... Cette dernière consistant à utiliser entre-autre de la malachite, qui je le rappelle leur servait déjà pour la couleur verte…

Le procédé est très simple, il consiste à broyer en poudre de la malachite (Carbonate de cuivre) avec du sable blanc non purifié (Carbonate de calcium) le tout porté à une température d'environ 1 000°C ! Oh ! miracle, le vert se transforme en bleu…

Cette méthode de fabrication dite " Par Voie Sèche " ne s'applique qu'à un très petit nombre de minéraux dont le vermillon, l'outremer (sulfure de sodium et sillicate d'alumine) - inventé par Guimet en 1828, censé remplacer de nos jours le bleu lapis lazuli…

" Le bleu Egyptien " ou - bleu d'Alexandrie - fait ses premières apparitions sous l'Ancien Empire ou empire memphite , considéré comme l'âge d'or de la civilisation égyptienne, et plus précisement sous la IVème Dynastie (2613 - 2498 avant J.-C.), où règneront entre-autre les pharaons Snéfrou premier de la lignée à qui l'on doit la pyramide rhomboïdale à Dahchour, au sud de Saqqarah et celle du nord, la pyramide Rouge, Khéops, Khéphren et Mykérinos, ces derniers nous ayant légué les pyramides de Gizeh, le sphinx, ...

J'ajoute pour conclure que ce " bleu ", retrouvé notamment dans les tombeaux égyptiens, les stèles, sarcophages et décors dans les temples mérite toute notre admiration… Outre le fait qu'il est sans doute la première couleur minérale artificielle créée par l'homme, sa solidité est remarquable, il a une très grande fixité à la lumière et une excellente stabilité et longévité puisqu'il nous est parvenu intact après près de trente siècles d'existence…


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