Ojuela

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Les minéraux d’Ojuela et du district minier de Mapimi


(Article réalisé par JEAN DOMINIQUE LUPORSI)

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Wulfénite d'Ojuela. Mapimi. Mexique


L’histoire de la mine d’Ojuela s’étend sur plus de 400 ans, débutant à l’époque de la colonisation espagnole jusqu’à sa quasi-fermeture en 1932. On estime qu’au total près de 6 millions de tonnes de minerai auront été extraites de son réseau labyrinthique, dont près de 6000 tonnes d’argent, 49 tonnes d’or, et 800 000 tonnes de plomb…
On surnomme parfois Ojuela « la Tsumeb du Mexique », et il est vrai qu’elle offre quelques points de comparaison avec sa sœur namibienne : ces deux monstres minéralogiques ont été durant leur période d’activité de grandes mines d’un intérêt économique majeur, exploitant toutes deux des gisements polymétalliques d’origine hydrothermale. Mais si Tsumeb se présente, pour résumer, comme un grand tuyau subvertical (un gros trou…), la structure d’Ojuela est comme on le verra incroyablement plus complexe. La mine de Tsumeb (bien plus ancienne sur le plan géologique) a un tout juste un petit centenaire, tandis que celle d’Ojuela a dépassé les 4 siècles. Des spécimens minéralogiques ont été découverts durant presque toute l’histoire de Tsumeb, alors que nous ne connaissons les minéraux d’Ojuela que depuis les années 40, après l’arrêt quasi-total des opérations minières (combien de merveilles ont donc fini dans les fonderies durant les siècles passés ?)



L’Histoire d’Ojuela

L’époque de la colonisation espagnole

La partie connue de l’histoire d’Ojuela débute en 1598, avec la découverte par les conquistadors d’un affleurement de minerai d’argent de haute qualité (de la pyrargyrite probablement), sur le versant d’un des nombreux canyons dans les hauteurs des montagnes au sud de ce que l’on connait maintenant comme la ville de Mapimi.
Le mot « Ojuela » proviendrait de l’aspect en feuilles (« Hojas ») de la galène rencontrée à l’époque dans les veines ; les espagnoles nommèrent la mine Hojuela (« semblable à une feuille ») pendant 2 siècles, avant que le temps ne fasse disparaître le H. L’entrée originelle peut encore être vue de nos jours : la Boca de Mina.

La Boca de Mina, au milieu en bas


Des escaliers d’environ 60 mètres, creusés directement dans le calcaire, permettent à l’époque de descendre depuis le sommet du canyon jusqu’à la Boca de Mina sur son flanc ; ils resteront pendant de nombreuses années le seul moyen, précaire, d’accéder à la mine, mais aussi la seule route pour remonter le minerai, à dos de mineurs, jusqu’à l’installation d’un premier puits.
Le petit village d’Ojuela est fondé, afin d’attirer les mineurs au plus près des installations ; il comporte les commodités urbaines de l’époque : église catholique, poste, entrepôts, magasins d’alimentation, saloons… Les conditions de vie sont très difficiles et proche de l’esclavage.
L’exploitation des filons est longtemps très rudimentaire, avec des galeries souvent très étroites percées au sein des dépôts minéralisés très irréguliers (nous en reparlerons plus bas) ; les mineurs emploient des outils de fortune (cornes de vache et grattoirs) tandis que de simples troncs entaillés servent d’échelles pour accéder aux niveaux inférieurs.
L’exploitation d’Ojuela et des autres petites mines avoisinantes s’avèrera très rentable pour les espagnols pendant plus de 2 siècles, jusqu’à ce que la guerre d’indépendance du Mexique les chasse hors du pays en 1821.

L’indépendance du Mexique
Le nouveau gouvernement mexicain prend possession des mines du district de Mapimi, et l’exploitation du minerai se poursuit, avec un rendement toutefois modeste, jusqu’à un abandon provisoire en 1867. Faute d’entretien, les galeries sont noyées, le bois d’œuvre pourrit, les tunnels s’effondrent, les machines rouillent, les routes s’effacent…
Il faut tout rebâtir et finalement, en 1893, la mine d’Ojuela est rachetée par la nouvelle Compagnie Minière de Peñoles, une filiale mexicaine de l’American Metal Company. Peñoles modernise l’exploitation minière, électrise le réseau de galeries ; afin de pouvoir traiter le minerai complexe, comportant arsenic, plomb et argent, elle construit des fonderies à Mapimi, comportant notamment 2 fourneaux avec des cheminées en bois (quelle idée !) de 104 mètres, qui seront remplacées par la suite en raison d’incendies (qui aurait pu l’imaginer…), ainsi qu’une raffinerie d’arsenic.

Une des 2 cheminées en bois des fonderies de Mapimi, vers 1910.


Un chemin de fer remplace la piste qui menait de Mapimi à Ojuela à la fin des années 1890, et le célèbre « Grand Pont » est installé, reliant la mine de Socavón à travers le canyon escarpé et étroit à la mine d’Ojuela ; conçu par la John Augustus Roebling Company of Trenton (connue pour la construction du Pont de Brooklyn), d’une longueur de 310 mètres, 80 mètres au-dessus du canyon, c’est le plus grand pont suspendu en bois jamais construit à l’époque.
Les conditions de vie des mineurs restent déplorables même si Peñoles leur fournit « gracieusement » de nouvelles habitations (en fait des cahutes avec un toit en tôle) et fait construire une école, un hôpital, un théâtre, un billard… ; à défaut de salaire, les ouvriers ne sont payés que par des coupons (système des « tiendas de raya ») qu’ils peuvent dépenser dans l’épicerie de la mine ; en cas de décès, leurs dettes sont imputées à leurs enfants, condamnant ces derniers à la même existence de labeur. Plusieurs tragédies ternissent encore l’histoire de la mine au début du XXème siècle : un train déraille à l’arrivée au campement tuant 40 personnes sur un terrain de baseball ; un incendie détruit les baraquements en 1907…

Le grand pont d’Ojuela à l’époque de Peñoles au premier plan, avec à l’arrière les bâtiments industriels et les baraquements d’Ojuela sur l’éperon rocheux surmontant la Boca de Mina.

Le complexe minier d’Ojuela comporte plusieurs puits ; le principal, Tiro Norte, atteint la profondeur de 793 mètres. Les niveaux sont régulièrement espacés tous les 50 mètres, jusqu’au 11ème, puis les travaux deviennent plus irréguliers. La mine s’étend en 1910 jusqu’au 18ème niveau, et il est prévu d’atteindre le 23ème 30 ans plus tard au moment de la fermeture programmée. L’eau est pompée grâce à un tunnel dédié (le tunnel San Carlos). Le minerai est toujours broyé à la main avant d’être acheminé aux fonderies.

Le chevalement du Tiro Norte, au bout de la voie ferrée, derrière le pont (photographié au début du XXème siècle).

Malgré la révolution Mexicaine en 1910, Peñoles poursuit ses activités, et quand arrive la première guerre mondiale, la production de Mapimi représente près de 6% de la production totale du Mexique, soit 300 à 500 tonnes de minerai par jour. La compagnie, peu regardante, est sous contrat à la fois avec les USA et l’Allemagne, et réalise d’importants bénéfices.

La fin de l’exploitation
Après le chaos de la révolution et sa nationalisation, Peñoles commence à démanteler les fonderies en 1921, moins rentables que celles de Torreón plus au sud, ou que celles de Monterrey. La production de la mine d’Ojuela diminue drastiquement durant les années 20, et malgré l’importante inflation des cours des métaux à l’aube de la seconde guerre mondiale, les travaux sont quasi abandonnés à partir de 1932.
L’exploitation des minerais restera ensuite presque confidentielle, gérée par une coopérative et limitée à quelques portions ciblées de la mine, ne permettant durant la suite du XXème siècle de remonter que quelques tonnes de zinc, plomb, cuivre, argent et manganèse, traités à Torreón. De nos jours, l’on peut encore visiter au bout du pont de Roebling le village fantôme d’Ojuela, où seules demeurent les ruines des habitations des cadres, de l’hôpital et des bâtiments industriels, le quartier des mineurs ayant disparu emporté par les intempéries.

Géologie

Un peu de géographie
Mapimi se situe au nord-est de l’état de Durango, au nord-est du centre du Mexique. La topographie de la région y est dominée par de petites chaînes de montagnes parallèles, séparées de larges vallées, rappelant un peu aux paysages du Nouveau-Mexique ou du sud de l’Arizona. Les températures y varient entre 5°C l’hiver et 35°C l’été, avec une pluviométrie d’environ 20 à 35 cm par an.


Localisation de Mapimi sur la carte du Mexique.

Moins d’une dizaine de km au sud-est de la ville de Mapimi, la mine d’Ojuela.


A l’est de Mapimi s’étend la Sierra Madre Orientale, chaîne montagneuse de près de 1350 km de long caractérisée par une succession étroite de synclinaux et d’anticlinaux. Au sein de l’anticlinal de Mapimi trône Le Cerro La India, une montagne d’environ 3 km de large dont le sommet culmine à 2700 mètres, 700 mètres au-dessus du niveau de la vallée ; la mine d’Ojuela se situe sur son versant nord-est, environ 400 mètres en dessous de la cime, au pied d’une falaise de grès quasi pur.

Le « Cerro la India » (parfois aussi appelé « Bufa de Mapimi »), vu du nord, depuis la route vers Mapimi.


Formation du gisement
On peut distinguer au sein de l’anticlinal de Mapimi plusieurs structures géologiques :

  • Le Sarnoso, qui consiste en une grande intrusion de granite calco-alcalin, fortement altérée remontant au précambrien. D’autres éléments que le granite peuvent se rencontrer çà et là, notamment en périphérie à proximité des roches sédimentaires environnantes : diorite, diorite à quartz, à hornblende, monzonite…
  • La Formation Aurora qui l’entoure est une couche sédimentaire de calcaire et de dolomie, assez fine (300 à 600 mètres d’épaisseur) datant du Crétacé inférieur. C’est principalement au sein de cette formation que se situent les corps minéralisés exploités à Ojuela.
  • La Formation Indirura recouvre par endroit la précédente ; elle est constituée de calcaires très sombres intensément pliés et feuilletés et de shales, datés du Crétacé supérieur.


Le gisement d’Ojuela est de type "remplacement de carbonate" à Ag-Pb-Zn-Au ; il concentre au total pas moins de sept corps minéralisés distincts : Ojuela-Paloma, San Jorgé-San Juan, Cumbres, Santa Rita, Carmen, San Carlos et San Diego.
Ce dépôt se situe au sein d’une ceinture minéralisée majeure NW-SW, localisée au nord du Mexique entre les gisements du Chihuahua (Santa Eulalia et Naïca) et ceux du Zacatecas (Fresnillo et Real de Angeles). Plusieurs sont bien connus pour leurs minéraux de collection qui sont parfois attribués par erreur à Ojuela (comme les mimétites de Santa Eulalia). Le champ métallifère se prolonge dans l’ouest des États Unis.
Cette ceinture est la conséquence d’intrusions de magmas cénozoïques riches en métaux qui se sont mises en place dans des formations carbonatées du crétacé (calcaires et dolomies des formations Aurora et Indirura). Plusieurs événements tectoniques ont plissé et fracturé les roches (d'où la notion de roches préparées structuralement), le dernier voyant la mise en place du magmatisme cénozoïque à l’origine des fluides minéralisés et donc des gisements. En bref, les intrusions magmatiques ont fourni les fluides minéralisateurs riches en métaux, les roches carbonatées les réservoirs et les pièges.
Les corps minéralisés sont deux principaux types :
- Les mantos (corps minéralisés subhorizontaux).
- Les cheminées (corps minéralisés subverticaux souvent à l'intersection de deux failles).

Le plus souvent les minéralisations sont éloignées des corps magmatiques, mais on observe aussi à leur contact des gisements de type skarn. Les mantos sont situés la plupart du temps sous des formations sédimentaires imperméables de type shale (argiles), qui semblent avoir bloqué les fluides minéralisateurs. En présence de failles recoupant les formations, les mantos passent aisément à des cheminées sans que le contenu minéralisé ne change réellement.

Exemple avec une section longitudinale du corps minéralisé de Cumbres : les mantos sont bloqués dans la Formation Aurora, sous les shales, et sous l’horizon dolomitique de la Formation Indirura ; les différentes cheminées épousent des lignes de faille. D’après Hayward et Triplett, 1931.

Sachant que les roches du secteur d’Ojuela sont de plus plissées, on comprend aisément la complexité géométrique des corps minéralisés et donc la complexité du réseau minier les exploitant.
Les corps minéralisés s’étendent pour la plupart jusqu’à une profondeur de plus de 900 mètres, avec une zone d’oxydation survenant de la surface jusqu’à environ 500 mètres en dessous. La nappe phréatique se situe actuellement approximativement entre les 12ème et 13ème niveaux (elle a considérablement baissé au début du XXème siècle lors de la construction du tunnel San Carlos).


Coupe du dépôt Ojuela-Paloma vers 1926. D’après Prescott.

Composition des corps minéralisés

La composition des minerais varie selon les différents corps minéralisés d’Ojuela, mais en général :

  • Elle comporte principalement de la galène, de la sphalérite, de la pyrite et de l’arsénopyrite ; l’oxydation de cette arsénopyrite a libéré l’arsenic qui, combiné aux autres éléments métalliques, est à l’origine des arséniates qui ont fait la renommée minéralogique d’Ojuela. La chalcopyrite est retrouvée surtout dans les parties les plus profondes du gisement, en assez faible quantité.
  • Concernant les métaux précieux, on observe à l’occasion de la galène argentifère (associée à de l’arsénopyrite, de la baryte, de la calcite et de la fluorite) ainsi que petites veines de pyrargyrite (en faible quantité mais abondante par endroits, elle a été le principal minerai d’argent durant les premières décennies d’exploitation) et rarement de l’argent natif, sous forme de filaments pluri millimétriques. L’or se présente sous forme de minuscules grains associés à des oxydes de fer (hématite, goethite) ou de manganèse, dans la partie supérieure de la zone d’oxydation du dépôt.
  • Les silicates de calcium (amphiboles, wollastonite, pyroxènes, hedenbergite, vésuvianite, grenats…) sont communs, surtout en profondeur, mais sont probablement antérieurs aux intrusions magmatiques qui ont fourni les fluides minéralisateurs.

Tentative de cartographie de la mine
La mine d’Ojuela se présente aujourd’hui comme un réseau labyrinthique de près de 450 km de galeries qui s’entrecroisent dans les profondeurs du Cerro la India afin d’atteindre les sept dépôts minéralisés connus. Et comme si les choses n’étaient pas assez compliquées à décrire comme cela, la mine d’Ojuela est connectée sous terre à sept autres mines (America Uno, America Dos, Guadalupe, San Juan, Monterrey, Tiro Tres et Socavón)...
Elle comporte différents chantiers (Cumbres, Esperanza, Ojuela, San Diego, San Judas, San Pointe et Santo Domingo), et plusieurs entrées et puits (Ojuela, Americanna, America Dos, Tiro Norte et Socavón).

Projection des différents travaux selon un axe nord-sud, vers 1932, d’après Patterson.
Un grand respect pour patience et la minutie de l’auteur…

Carte du gisement (en 1906) avec les différentes mines et puits.
Il comporte d’autres mines non reliées à Ojuela, un peu au nord (La Luz et San Antonio) et au sud (San Ignacio).


Minéralogie
Comme à Tsumeb, l’importante étendue de la zone d’oxydation, la richesse des dépôts de sulfures et la perméabilité de la roche-mère carbonatée aux eaux météoriques sont à l’origine de la formation de nombreux minéraux secondaires.
Heureusement, les portions des dépôts riches en zinc et en arsenic, difficiles à exploiter, ont malgré la longue histoire de la mine longtemps été évitées par les mineurs et demeurent souvent en l’état dans les profondeurs, avec leurs riches minéralisations secondaires dont les fameux arséniates de zinc (adamite, legrandite, austinite, kottigite…). A ce jour un peu plus de 140 espèces différentes sont décrites à Ojuela, dont 6 pour lesquelles elle est la localité type (essentiellement de rares arséniates : lotharmeyerite, mapimite, ojuelite, metaköttigite et miguelromeroite… sans oublier la paradamite !).

Les grandes découvertes minéralogiques
Si la présence de minéraux de collection commence à être relatée dès le début du XXème siècle, c’est surtout après l’arrêt des travaux miniers que la réputation minéralogique d’Ojuela s’est construite. Je n’aurai pas la prétention de relater toutes les découvertes (il y en a tellement) et en ai omis plus ou moins volontairement ; mais essayons de rappeler les incontournables :

  • En 1946, les minéralogistes Dan Mayers et Francis Wise découvrent au 4ème niveau d’Ojuela-Paloma une grotte tapissée d’adamite verte botryoïdale (« La Adamita Lugar ») ; devant l’emballement suscité par cette découverte, de nombreux collectionneurs affluent ; la coopérative alors en charge des vestiges de l’exploitation se rend compte qu’il est plus rentable pour elle d’orienter les activités minières vers la collecte de spécimens de collection, plutôt que de miser sur la recherche de nouvelles veines d’argent et de plomb. Depuis cette époque, les quelques mineurs encore en activité sur le site ne descendent que dans l’espoir de percer une nouvelle poche historique, croisant régulièrement quelques amateurs…
Projection verticale de la mine, montrant les principales découvertes historiques.

  • Parmi ces premières découvertes mémorables, citons les adamites vertes, jaunes… souvent pluri centimétriques, en boules, en éventail ou en cristaux allongés, développées sur une matrice de gossan caractéristique. De petites poches seront ouvertes assez régulièrement depuis, jusqu’à nos jours, n’égalant toutefois que rarement en qualité les trouvailles des premières années.
  • Les années 70 ne sont pas en reste avec les paradamites et surtout les legrandites en éventails jaunes-néon (dont le fameux « Aztec Sun », spécimen de près de 19 cm découvert en 1979 au niveau 5 de la veine Poniente du dépôt San Juan ; acquis pour 30 000 dollars par Dr Miguel Romero, il a été vendu après par ses héritiers en 2008 pour près de 1.7 millions de dollars à un collectionneur privé et peut maintenant être admiré MIM de Beyrouth ; J’aurais aimé vous présenter ici un cliché, mais je n’ai pas osé pour une raison de droits d’auteur, et vous incite à la rechercher sur le net, cet incroyable spécimen de legrandite vaut son pesant de pesos mexicains !).
  • Puis sortent les mangano-adamites violettes en 1981 (poche découverte dans la cheminée de San Judas ; initialement étiquetés à tort comme cobaltifères, les plus beaux échantillons seront acquis par l’entrepreneur texan Sams Perkins -le même qui avait déjà sévi avec les azurites de Tsumeb dont nous avions parlé sur le sujet dédié-) ; les aiguilles rayonnantes de köttigite bleu pâle ; les symplésites gris-bleutées à l’éclat submétallique ; les austinites en globules ou en nœuds-papillon parfois donnés à tort comme de la smithsonite, incolores ou vertes ; les aurichalcites...
  • Et dans les découvertes de ce début du XXIème siècle, on citera encore les cubes de fluorite violette, à la fluorescence rouge-cerise (à partir de 2007 surtout, aux niveaux 6 et 7 d’Ojuela-Paloma) ; les calcites colorées par des inclusions d’aurichalcite bleu-ciel (2009) ; les wulfénites jaunes pseudo-cubiques perchées au milieu de boules de mimétite vertes (provenant du 7ème niveau de la décidemment prolifique veine Poniente de San Juan –une page entière lui est d’ailleurs dédiée sur Mindat- ou encore de la veine La Campana, toutes deux dans la portion America Dos de la mine) ; les wulfénites oranges dipyramidales allongées (en 2008, encore de la veine Poniente) ; les wulfénites en tablettes bicolores dites « en sandwich » ou « oréo » (en 2017, toujours de la veine Poniente, au niveau 6) ; les dépôts botryoïdaux assez épais, souvent sculpturaux de rosasite turquoise, qui furent confondus au début et je ne sais trop pourquoi avec de la malachite ; les mottramites mamelonnées, parfois associées à de la wulfénite ; les scorodites bleutées ; les hémimorphites en tablettes translucides sur un lit de mimétite jaune (7ème niveau de la veine La Campana, ou encore 17ème niveau de San Judas)…


Hélas tout à un revers, et si sans nul doute de belles trouvailles sont encore à venir, un certain nombre de faux minéralogiques sont à déplorer ces toutes dernières années, avec les fameuses kobyashevites bleutées sur gypse et calcite qui ont suscité un certain engouement y compris de la part de négociants internationaux de renom mais se sont avérées être synthétisées en laboratoire, ou encore les impressionnantes hémimorphites bleutées, en fait colorées par de la phthalocyanine… Le collectionneur averti se doit donc au début d’être quelque peu méfiant devant l’annonce de nouvelles découvertes sensationnelles.


Sources (entre autres):

 

Bernstein M., "The Mexican Mining Industry 1890-1950", State University of New York Press, 1965
Hayward M. W. and Triplett W. H., "Occurrence of Lead-Zinc Ores in Dolomitic Limestones in Northern Mexico", 1931
Hoffmann V.J., "The Mineralogy of the Mapimi Mining District, Durango, Mexico", The University of Arizona, 1935
Megaw P.K.M. et al., - "High-Temperature, Carbonate-Hosted Ag-Pb-Zn(Cu) Deposits of Northern Mexico", Econ. Geol., 1988
Moore, Thomas P. "The Ojuela Mine: Mapimi, Durango, Mexico", The Mineralogical Record, vol. 34, no. 5, 2003
Panczner W.D., "Minerals of Mexico", Van Nostrand Reinhold Company Inc, 1987 Patterson J.W., "The Manto Type Limestone Replacement Deposits of Northern Mexico", Dissertation (Ph.D.), California Institute of Technology, 1932
Prescott B., " The Underlying Principles of the Limestone Replacement Deposits of the Mexican Province", Eng. Mining Jour., 1926

Je tiens encore à remercier tout particulièrement Serge (Trenen23) pour son précieux concours à la partie géologie de cet exposé.

MINERAUX

ADAMITE

Adamite. (photo gryph58)

Adamite sur limonite. 107x70x30mm

Adamite jaune canari. (photo icarealcyon)
Adamite vert pomme en roues de cristaux. (photo icarealcyon)

Cuproadamite sur conichalcite. (photo icarealcyon).
65x37mm.

Géode de Mangano-adamite en cristaux bicolores avec mimétite jaune. (photo icarealcyon)
Manganoadamite sur goethite et limonite. 100x82x57mm. Cheminée de San Judas. De la fameuse poche de 1981

Les adamites incolores ou vert-jaune de Ojuela montrent une forte fluorescence verte aux UV longs (cette fluorescence est liée à des traces d'ions uranyles). :

Adamite incolore. (photo icarealcyon)
Adamite incolore en UV. (photo icarealcyon)

AURICHALCITE

Aurichalcite. (photo PRIXITE71)

Aurichalcite. (photo PRIXITE71)

AUSTINITE

Austinite.

Cupro-austinite en boules de cristaux sur conichalcite dans une patate de limonite. 62x42 mm. (photo icarealcyon)
Cupro-austinite. 121x66x57mm

CALCITE/CARMINITE

Calcite sur carminite. Veine « La Cigüeña ». 78x63x26mm. Scalénoèdres de calcite parfaitement limpides, disposés sur un tapis de carminite rouge...carmin, sur une matrice de limonite.

Il s'agit là d'une pièce provenant d'une autre fameuse découverte à Ojuela, en 1983, dans la veine « La Cigüeña ».
La carminite -PbFe3+2(AsO4)2(OH)2- est un rare arséniate de plomb et de fer, provenant ici probablement de l'oxydation d'arsénopyrite, et que l'on rencontre parfois associée à de la beudantite ou de la scorodite...

CONICHALCITE

Conichalcite et calcite. (photo Kayou)

Conichalcite. (photo PRIXITE71)

Conichalcite. (photo Kayou). Environ 35mm


On peut rappeler à l’occasion que l’austinite CaZn(AsO4)(OH) et la conichalcite CaCu(AsO4)(OH) forment une série, la variété cuprifère d'austinite Ca(Zn,Cu)(AsO4)(OH) étant un membre intermédiaire.


DOLOMITE

Dolomite et hémimorphite. (photo jojo38). 95x65mm


HEMIMORPHITE

Hémimorphite et mimétite. 105x80x40mm.
Veine « La Campana », 7ème niveau.

Hémimorphite et Dolomite sur Limonite. 70x55mm.
Pièce libre, entièrement cristallisée.

Hémimorphite. (photo PRIXITE)

Cristaux d’Hémimorphite.)

LEGRANDITE

Legrandite

Legrandite


MIMETITE

Wulfénite et mimétite. 90x70x70mm.
Veine « San Juan Poniente », 6ème niveau.
Ce ne sont pas les mimétites vertes de Lantignié, mais ma foi nous nous en contenterons ! Quelques cristaux de Wulfénite orangée, à la morphologie assez singulière, pseudo-cubique. Poche découverte en 2008.

Mimétite.(photo barytine83). 123x93mm


MOTTRAMITE

Mottramite. (photo JLOUI). 110x77x38mm

OJUELAITE

Ojuelaite (crème) et Legrandite (jaune), deux espèces minérales rares.


ROSASITE

Rosasite. 140x110x40mm.
Dépôt de rosasite botryoïdale bleutée, sur une matrice de limonite, recouverte d'un fin dépôt de goethite noirâtre, avec quelques sphérules de malachite en périphérie, et de petits rhomboèdres de calcite translucides çà et là.

Rosasite. (photo PRIXITE71). 110x77x38mm

SCORODITE

Scorodite. 67x42x20mm.Il semble que ce type de cristallisation d'un bleu profond provienne d'une découverte à la fin des années 70. Les cristaux présentent un pléÏochromisme, le bleu s'intensifiant encore à la lumière du jour.

WULFENITE

Wulfénite. 110x80x50mm.
Veine « San Juan Poniente », 6ème niveau. Habitus pseudo-cubique, de la découverte de 2008. Pas de mimétite sur celle-ci, mais on lui pardonnera, tant elle scintille !

Wulfénite. Cumbres. 104x89x15mm.
Ces wulfénites "sandwich" présentent plusieurs générations, avec une première de teinte caramel, enchâssée entre 2 plus tardives d'un jaune crémeux.
Plusieurs poches assez similaires ont été découvertes par le passé dans le corps de Cumbres, mais également à San Juan Poniente (en 2017).

Wulfénite sur mimétite. (photo barytine83). 89x49mm

Wulfénite sur mimétite.



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