Minéraux de France : Différence entre versions

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A [[La Villeder]], au nord de Vannes, un important gisement a été exploité pour l'[[étain]] dès sa découverte en 1834. Des indices laissent à penser que des exploitations plus anciennes aient pu avoir lieu. Cent quarante tonnes d'étain [[métal]] ont été extraites. Le gisement a fourni de beaux et nombreux spécimens de [[cassitérite]], très appréciés et réputés dès la fin du XIXème siècle. La cassitérite est en plus associée au quartz, parfois "fumé" voire "morion", mais aussi et surtout à l'[[apatite]] et au [[béryl]].
 
A [[La Villeder]], au nord de Vannes, un important gisement a été exploité pour l'[[étain]] dès sa découverte en 1834. Des indices laissent à penser que des exploitations plus anciennes aient pu avoir lieu. Cent quarante tonnes d'étain [[métal]] ont été extraites. Le gisement a fourni de beaux et nombreux spécimens de [[cassitérite]], très appréciés et réputés dès la fin du XIXème siècle. La cassitérite est en plus associée au quartz, parfois "fumé" voire "morion", mais aussi et surtout à l'[[apatite]] et au [[béryl]].
  
En Bretagne, dans le Finistère, les mines de Huelgoat-Poullaouen ont produit des spécimens à la fin du dix-huitième siècle faisant dès lors leur réputation. De bons spécimens de galène y ont été découverts, de même que des spécimens de [[pyromorphite]] verte ou brune, parfois pseudomorphosés en galène. Ces [[pseudomorphose]]s sont appelées "sexangulite". Ce type de cristallisation est des plus remarquables. Il est décrit dans la "Minéralogie" d'[[Haüy]] publiée en 1801. L'[[anglésite]] et la [[cérusite]] y ont été trouvées, mais aussi et surtout la [[bromargyrite]], la [[chlorargyrite]] et la [[plumbogummite]], dont ce gisement est la [[localité type]], suite à sa découverte par [[Romé de l’Isle]] en 1779 ("Lettre Minéralogique") et sa réétude par [[Gillet de Laumont]] en 1786 (Journal de Physique). Damour, en 1840, démontre que la plumbogummite est un [[phosphate]], en l'occurrence de [[plomb]] et d'[[aluminium]].
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En Bretagne, dans le Finistère, les mines de [[Huelgoat]]-[[Poullaouen]] ont produit des spécimens à la fin du dix-huitième siècle faisant dès lors leur réputation. De bons spécimens de galène y ont été découverts, de même que des spécimens de [[pyromorphite]] verte ou brune, parfois pseudomorphosés en galène. Ces [[pseudomorphose]]s sont appelées "sexangulite". Ce type de cristallisation est des plus remarquables. Il est décrit dans la "Minéralogie" d'[[Haüy]] publiée en 1801. L'[[anglésite]] et la [[cérusite]] y ont été trouvées, mais aussi et surtout la [[bromargyrite]], la [[chlorargyrite]] et la [[plumbogummite]], dont ce gisement est la [[localité type]], suite à sa découverte par [[Romé de l’Isle]] en 1779 ("Lettre Minéralogique") et sa réétude par [[Gillet de Laumont]] en 1786 (Journal de Physique). Damour, en 1840, démontre que la plumbogummite est un [[phosphate]], en l'[[occurrence]] de [[plomb]] et d'[[aluminium]].
  
 
En Indre, deux gisements sur la même commune, celle de [[Chaillac]], produisent d'excellents spécimens. Le gisement du [[Rossignol]] est exploité en galerie souterraine, le [[filon]] est identifié sur près de 1 000 mètres de longueur, et 250 mètres de profondeur. Il a produit de bonnes [[fluorite]]s, jaunes, violacées, parfois rosées, plus ou moins saupoudrées de pyrite. La mine a surtout produit de très agréables spécimens de pyromorphite "vert-herbe" sur barite, et de très bonnes cérusites, souvent maclées. Le [[Muséum]] à Paris a acheté dernièrement un très gros cristal maclé de cérusite de [[Chaillac]] de près de 7cm de diamètre. <br>Non loin, la mine à ciel ouvert des [[Redoutières]] produit des spécimens de barite bleuâtre, recouverts d'[[oxyde]] de fer d'une sympathique nuance de marron-rouge. La mine produit aussi de bons spécimens de [[goethite]], avec des cristaux très allongés, groupés en "touffes", généralement gemmes.
 
En Indre, deux gisements sur la même commune, celle de [[Chaillac]], produisent d'excellents spécimens. Le gisement du [[Rossignol]] est exploité en galerie souterraine, le [[filon]] est identifié sur près de 1 000 mètres de longueur, et 250 mètres de profondeur. Il a produit de bonnes [[fluorite]]s, jaunes, violacées, parfois rosées, plus ou moins saupoudrées de pyrite. La mine a surtout produit de très agréables spécimens de pyromorphite "vert-herbe" sur barite, et de très bonnes cérusites, souvent maclées. Le [[Muséum]] à Paris a acheté dernièrement un très gros cristal maclé de cérusite de [[Chaillac]] de près de 7cm de diamètre. <br>Non loin, la mine à ciel ouvert des [[Redoutières]] produit des spécimens de barite bleuâtre, recouverts d'[[oxyde]] de fer d'une sympathique nuance de marron-rouge. La mine produit aussi de bons spécimens de [[goethite]], avec des cristaux très allongés, groupés en "touffes", généralement gemmes.
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La France a eu de nombreuses exploitations pour l'[[uranium]] à partir des années 1950. De très nombreuses découvertes minéralogiques ont pu être faites. Notons plus particulièrement en Aveyron, l'indice de Margabal, exploré de 1957 à 1960, qui a produit à l'époque, mais surtout ces dernières années lors de travaux faits par des collectionneurs, d'incroyables spécimens. Un des meilleurs spécimens a été acheté par le Muséum à Paris, c'est une stalactite de [[torbernite]] de près de 50 cm !!! Toujours en Aveyron, d'excellents gisements de fluorite sont à signaler, tels que Valzerge et Le Kaymar (réputé, aussi, pour ses [[quartz]] babéliens).
 
La France a eu de nombreuses exploitations pour l'[[uranium]] à partir des années 1950. De très nombreuses découvertes minéralogiques ont pu être faites. Notons plus particulièrement en Aveyron, l'indice de Margabal, exploré de 1957 à 1960, qui a produit à l'époque, mais surtout ces dernières années lors de travaux faits par des collectionneurs, d'incroyables spécimens. Un des meilleurs spécimens a été acheté par le Muséum à Paris, c'est une stalactite de [[torbernite]] de près de 50 cm !!! Toujours en Aveyron, d'excellents gisements de fluorite sont à signaler, tels que Valzerge et Le Kaymar (réputé, aussi, pour ses [[quartz]] babéliens).
  
En Lozère, la Mine de [[Sainte_Lucie]], exploitée depuis la fin du XIXème jusqu'aux années 1940,  pour le [[plomb]], fut retravaillée vers la fin des années 1980 pour les spécimens [[minéralogique]]s. Le gisement était connu pour un minéral peu commun, la [[stolzite]], un tungstate de plomb. Il fut découvert alors les meilleurs spécimens connus de l'espèce, aussi bien en taille, jusqu'à 7 cm, qu'en esthétique. Les cristaux de stolzite sont parfois associés à des cristaux de [[cérusite]], plus rarement à la pyromorphite ou à la galène. Diverses équipes de prospecteurs courageux ont prospecté cette mine. Elles ont pu ainsi enrichir la connaissance de la minéralogie de la France et contribuer à la protection du patrimoine minéralogique. Suite à ces découvertes, de nombreuses publications ont pu être faites.
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En Lozère, la Mine de [[Sainte Lucie]], exploitée depuis la fin du XIXème jusqu'aux années 1940,  pour le [[plomb]], fut retravaillée vers la fin des années 1980 pour les spécimens [[minéralogique]]s. Le gisement était connu pour un minéral peu commun, la [[stolzite]], un tungstate de plomb. Il fut découvert alors les meilleurs spécimens connus de l'espèce, aussi bien en taille, jusqu'à 7 cm, qu'en esthétique. Les cristaux de stolzite sont parfois associés à des cristaux de [[cérusite]], plus rarement à la pyromorphite ou à la galène. Diverses équipes de prospecteurs courageux ont prospecté cette mine. Elles ont pu ainsi enrichir la connaissance de la minéralogie de la France et contribuer à la protection du patrimoine minéralogique. Suite à ces découvertes, de nombreuses publications ont pu être faites.
  
 
Dans le Gard, la mine des [[Les Malines|Malines]], à Saint-Laurent-le-Minier couvre une surface de 3 km par 2,5 km, et les travaux représentent environ 300 km de galerie. La mine ferma en 1994, après avoir produit presque un million de tonnes de métaux, dont du [[zinc]], du plomb, et 250 tonnes d'argent. Le gisement est réputé pour ses spécimens de [[barite]] blanche sur lit de [[sphalérite]] brune ou rouge, associées à la bournonite grise. La [[bournonite]] de Saint-Laurent peut atteindre d'importantes dimensions, les cristaux de plus ou moins 5 cm sont un classique apprécié pour le site, certains cristaux allant jusqu'à 10 cm, ce qui pour l'espèce est proche du record. [[Les Malines]] ont produit aussi de curieux spécimens de galène réticulaire.
 
Dans le Gard, la mine des [[Les Malines|Malines]], à Saint-Laurent-le-Minier couvre une surface de 3 km par 2,5 km, et les travaux représentent environ 300 km de galerie. La mine ferma en 1994, après avoir produit presque un million de tonnes de métaux, dont du [[zinc]], du plomb, et 250 tonnes d'argent. Le gisement est réputé pour ses spécimens de [[barite]] blanche sur lit de [[sphalérite]] brune ou rouge, associées à la bournonite grise. La [[bournonite]] de Saint-Laurent peut atteindre d'importantes dimensions, les cristaux de plus ou moins 5 cm sont un classique apprécié pour le site, certains cristaux allant jusqu'à 10 cm, ce qui pour l'espèce est proche du record. [[Les Malines]] ont produit aussi de curieux spécimens de galène réticulaire.
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En Saône-et-Loire encore, le gisement de [[manganèse]] de [[Romanèche-Thorins|Romanèche]] est célèbre pour deux minéraux qui y ont été découverts, la [[romanèchite]] et l'[[arsénosidérite]]. Les meilleurs spécimens de ces espèces y ont été trouvés vers le milieu du XIXème siècle. L'arsénosidérite le fut en 1841 par Tony Lacroix, grand-père d'Alfred [[Lacroix]], le célèbre professeur de [[minéralogie]] du [[Muséum]] de Paris. L'espèce fut décrite et nommée par [[Dufrenoy]].
 
En Saône-et-Loire encore, le gisement de [[manganèse]] de [[Romanèche-Thorins|Romanèche]] est célèbre pour deux minéraux qui y ont été découverts, la [[romanèchite]] et l'[[arsénosidérite]]. Les meilleurs spécimens de ces espèces y ont été trouvés vers le milieu du XIXème siècle. L'arsénosidérite le fut en 1841 par Tony Lacroix, grand-père d'Alfred [[Lacroix]], le célèbre professeur de [[minéralogie]] du [[Muséum]] de Paris. L'espèce fut décrite et nommée par [[Dufrenoy]].
  
Les mines de [[Chessy]], à 25 km au Nord-Ouest de Lyon, sont connues depuis le XVème siècle. Un édit de 1413 de Charles VI évoque la mine. En 1809, le maître mineur saxon Wöller découvre un important filon de [[carbonate]] de [[cuivre]], en l'occurrence d'[[azurite]], dès lors appelé "mine bleue", de la couleur de ce minéral. De très nombreux et magnifiques spécimens d'azurite, de [[malachite]], de [[smithsonite]] et de [[cuprite]], le plus souvent pseudomorphosée en malachite, sont découverts. Ce gisement, célèbre dans le monde entier, resta pendant un siècle le meilleur pour ces espèces. Depuis d'autres gisements ont produit des spécimens plus spectaculaires, mais les spécimens de Chessy restent de grands "classiques" de la [[minéralogie]]. La [[mine]] s'appauvrit dès la fin des années 1830. Vers la fin du XIXème siècle, le gisement est exploité pour la [[pyrite]], qui sert alors à fabriquer de l'[[acide]] sulfurique, tout s'arrête en 1877. Il y a alors longtemps que les beaux spécimens ne sortent plus de la mine. Un des [[terril]]s de la mine a été acheté dans les années 1980 par une association de minéralogie. Des fouilles y sont possible après autorisation.
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Les mines de [[Chessy]], à 25 km au Nord-Ouest de Lyon, sont connues depuis le XVème siècle. Un édit de 1413 de Charles VI évoque la mine. En 1809, le maître mineur saxon Wöller découvre un important filon de [[carbonate]] de [[cuivre]], en l'[[occurrence]] d'[[azurite]], dès lors appelé "mine bleue", de la couleur de ce minéral. De très nombreux et magnifiques spécimens d'azurite, de [[malachite]], de [[smithsonite]] et de [[cuprite]], le plus souvent pseudomorphosée en malachite, sont découverts. Ce gisement, célèbre dans le monde entier, resta pendant un siècle le meilleur pour ces espèces. Depuis d'autres gisements ont produit des spécimens plus spectaculaires, mais les spécimens de Chessy restent de grands "classiques" de la [[minéralogie]]. La [[mine]] s'appauvrit dès la fin des années 1830. Vers la fin du XIXème siècle, le gisement est exploité pour la [[pyrite]], qui sert alors à fabriquer de l'[[acide]] sulfurique, tout s'arrête en 1877. Il y a alors longtemps que les beaux spécimens ne sortent plus de la mine. Un des [[terril]]s de la mine a été acheté dans les années 1980 par une association de minéralogie. Des fouilles y sont possible après autorisation.
  
 
Le gisement français qui a produit le plus d'espèces de minéraux est la mine de [[Cap-Garonne]], près du Pradet, Var. Cette mine a donné une centaine de minéraux différents, avec plusieurs espèces nouvelles identifiées ces trois dernières décennies, dont bon nombre portent le nom des minéralogistes amateurs qui les ont découvertes.<br>
 
Le gisement français qui a produit le plus d'espèces de minéraux est la mine de [[Cap-Garonne]], près du Pradet, Var. Cette mine a donné une centaine de minéraux différents, avec plusieurs espèces nouvelles identifiées ces trois dernières décennies, dont bon nombre portent le nom des minéralogistes amateurs qui les ont découvertes.<br>
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Version actuelle datée du 17 novembre 2019 à 22:16

La France est extrêmement riche en gisements sources de spécimens de minéraux. Certains de ces gisements ont produit des spécimens remarquables, parfois même les meilleurs connus pour une espèce minérale donnée. Un "tour de France" par quelques gîtes célèbres est ici proposé, mais ils ne sont qu'une illustration limitée des nombreux gisements français.

Les sables stampiens des environs de Fontainebleau/Nemours ont produit depuis la fin du dix-huitième siècle de curieux et spectaculaires spécimens de calcite. Cette calcite a la particularité de s'être développée dans le sable. Les grains du sable ont été absorbés lors de la cristallisation par les cristaux de calcite. Cela donne des spécimens tout à fait particuliers et, dès les premières découvertes à la fin du XVIIIème siècle, extrêmement réputés.

A Paris même, bien que la géologie du sous-sol soit très peu propice à la formation de minéraux intéressants, des spécimens de calcite ont été trouvés. Ces spécimens ont surtout un caractère anecdotique eu égard au lieu de découverte. On peut citer comme site le Trou des Halles où des découvertes ont eu lieu à la fin des années 1970. La calcite jaune miel de quelques millimètres couvrait des surfaces de plusieurs dizaines de centimètres carrés. Elle était associée à de petits cristaux de célestite bleue, de quartz et de fluorite. On peut citer d'autres sites comme le chantier Opéra Bastille, les abattoirs de Vaugirard, les travaux "Eole" du quartier Saint-Lazare, les travaux du RER de la rive gauche de la Seine, etc. Des découvertes similaires ont été faites dans des carrières souterraines dans les environs de Paris, plus particulièrement en Val-d'Oise. A la fin du XVIIIème siècle/début XIXème siècle, les cristaux de gypse des carrières de Montmartre étaient réputés dans le monde entier.

Dans les Ardennes, à Foisches, un petit gisement de fluorite a été exploité artisanalement de manière épisodique du début du XXème siècle aux années 1960/1970. Les spécimens de fluorite sont ici avant tout intéressants dans une optique de systématique régionale ou de l'espèce, ils présentent des faciès variés et inhabituels, avec des couleurs telles que le violet/mauve profond ou le vert.

Dans le nord de la France, entre Boulogne-sur-Mer et Calais, le cap Blanc-Nez produit sporadiquement des cristaux de marcasite. Ceux-ci ont cristallisé dans le calcaire, généralement cénomanien et turonien, en adoptant une forme particulière. En effet, la plupart des cristaux sont groupés en macle de la "sperkise", ce qui rend ces spécimens si curieux. Ce gisement a produit de remarquables spécimens qui peuvent être classés dans les meilleurs qu'a donné l'espèce, un des spécimens les plus remarquables se trouve dans la collection de la faculté de Jussieu (Université Pierre et Marie Curie). Il a d'ailleurs servi à illustrer un des quatre timbres édités en 1987 sur les minéraux.

La côte du pays de Caux est riche en nodules de silex, certains présentent en leur sein de superbes concrétions de calcédoine.

Dans le Calvados, à Soumont-Saint-Quentin, un gisement de fer a été exploité. De bons spécimens de calcite ont été extraits, associés à la pyrite mais aussi et surtout de remarquables spécimens de barite bleu, parfois gemme, et des spécimens de galène, totalement inattendus étant donné le cadre géologique de la région, surtout sédimentaire.

Vers Laval, en Mayenne, la Mine de la Lucette a produit au début du siècle de bons spécimens de stibine, et surtout des spécimens d'or, associés au quartz ou à la stibine.

Au sud de Rennes, les mines de Pontpéan ont produit entre autres des spécimens de galène.

A La Villeder, au nord de Vannes, un important gisement a été exploité pour l'étain dès sa découverte en 1834. Des indices laissent à penser que des exploitations plus anciennes aient pu avoir lieu. Cent quarante tonnes d'étain métal ont été extraites. Le gisement a fourni de beaux et nombreux spécimens de cassitérite, très appréciés et réputés dès la fin du XIXème siècle. La cassitérite est en plus associée au quartz, parfois "fumé" voire "morion", mais aussi et surtout à l'apatite et au béryl.

En Bretagne, dans le Finistère, les mines de Huelgoat-Poullaouen ont produit des spécimens à la fin du dix-huitième siècle faisant dès lors leur réputation. De bons spécimens de galène y ont été découverts, de même que des spécimens de pyromorphite verte ou brune, parfois pseudomorphosés en galène. Ces pseudomorphoses sont appelées "sexangulite". Ce type de cristallisation est des plus remarquables. Il est décrit dans la "Minéralogie" d'Haüy publiée en 1801. L'anglésite et la cérusite y ont été trouvées, mais aussi et surtout la bromargyrite, la chlorargyrite et la plumbogummite, dont ce gisement est la localité type, suite à sa découverte par Romé de l’Isle en 1779 ("Lettre Minéralogique") et sa réétude par Gillet de Laumont en 1786 (Journal de Physique). Damour, en 1840, démontre que la plumbogummite est un phosphate, en l'occurrence de plomb et d'aluminium.

En Indre, deux gisements sur la même commune, celle de Chaillac, produisent d'excellents spécimens. Le gisement du Rossignol est exploité en galerie souterraine, le filon est identifié sur près de 1 000 mètres de longueur, et 250 mètres de profondeur. Il a produit de bonnes fluorites, jaunes, violacées, parfois rosées, plus ou moins saupoudrées de pyrite. La mine a surtout produit de très agréables spécimens de pyromorphite "vert-herbe" sur barite, et de très bonnes cérusites, souvent maclées. Le Muséum à Paris a acheté dernièrement un très gros cristal maclé de cérusite de Chaillac de près de 7cm de diamètre.
Non loin, la mine à ciel ouvert des Redoutières produit des spécimens de barite bleuâtre, recouverts d'oxyde de fer d'une sympathique nuance de marron-rouge. La mine produit aussi de bons spécimens de goethite, avec des cristaux très allongés, groupés en "touffes", généralement gemmes.

Dans les monts d'Ambazac, une petite centaine d'exploitations dans des pegmatites ont permis d'extraire des feldspaths au XIXème siècle, et ce parfois jusqu'à la seconde guerre mondiale, afin d'approvisionner les fabriques de porcelaine de Limoges. Ces exploitations étaient généralement artisanales et individuelles. De rares et esthétiques minéraux y ont été découverts. Il est possible de citer notamment le béryl, avec des cristaux jusqu'à 30 cm. Un cristal de 65 kg est même découvert à Vedrenne où, lors de la reprise de 1934 par M. Merguillier, 1 800 kg de béryl ont été extraits. Certains cristaux de béryl, dans les monts d'Ambazac, sont de la variété héliodore (jaune), comme à Venachat. Il a été également trouvé de l'apatite, de la triplite, de la vivianite, de la dufrénite, de la columbite (notamment à La Vilate, près de Chanteloube), du grenat, etc.
Ces petites exploitations, d'ampleur limitée, ont quasiment disparu, certaines ne sont malheureusement plus localisables. Il aurait été intéressant pour la connaissance de la minéralogie de la France qu'un inventaire exhaustif de ces gisements et de leur minéralisation soit réalisé, par la reprise artisanale des exploitations dans une perspective de production de spécimens minéralogiques. Les beaux spécimens de scorodite vert-bleu de Vaulry, trouvés vers 1840 sont à rappeler. D'autres gisements moins intéressants de ce minéral sont à Puy-les-Vignes et à Cieux.

Dans les Hautes-Pyrénées, plus particulièrement dans le massif du Néouvielle, de bons spécimens d'axinite ont été trouvés, associés à la préhnite, au quartz, à l'épidote, à la calcite, et même, exceptionnellement, à des cristaux de galène. L'axinite dans les Pyrénées est signalée par le minéralogiste Lacroix dans sa "Minéralogie de la France" dès 1893. Il témoigne de découvertes faites en 1793 par Picot de Lapeyrouse et Dolomieu au pic d'Eres lids. Ces découvertes entraînent l'exploitation des gisements, et déjà la commercialisation de spécimens, ce qui en permet la diffusion, l'étude et la préservation dans diverses collections.
La vallée d'Aure, également dans les Hautes Pyrénées, a été le siège d'exploitation pour le manganèse, plus particulièrement aux mines de Vielle-Aure (Coustou), du Louron et d'Azet. L'exploitation de ces gisements a démarré dès le milieu du XIXème siècle, pour se poursuivre jusqu'aux années 1930. Une espèce a été découverte pour le première fois au Pla de Labasse, près des granges de Nabias par une équipe Suisse dans les années 1990, poursuivant les travaux d'Alain Ragu. Elle fut appelée nabiasite, c'est un vanadate de baryum et de manganèse. A la mine de Coustou, sur la commune de Vielle-Aure, de magnifiques spécimens de rhodocrosite ont été découverts. Les cristaux sont petits (2/3 cm maximum) eu égard aux cristaux de gisements étrangers mais c'est le seul gisement en France à produire des spécimens agréables de ce minéral.

Un gisement français majeur est celui de la mine d'Irazein, en Ariège, qui a produit des "monstres" mondiaux. La mine fut en activité de 1865/1870 à 1922. Une seule découverte de spécimens est à noter, en 1906, celle d'énormes cristaux de tétraédrite. Les circonstances de la découverte sont mal connues. Seuls quelques rares cristaux sont là pour témoigner : cristal de 25 cm d'arête, gravé de la date 1906 et du nom de son premier propriétaire et/ou découvreur, cristal de 15 cm dans la collection de l'université Pierre et Marie Curie (Jussieu), cristal de 13 cm au Muséum à Paris. Ces spécimens sont recouverts d'un voile d'altération, constitué entre autres d'azurite et de malachite. Les spécimens connus du gisement se comptent sur les doigts de la main, mais ils permettent au site d'être mondialement connu car nulle part ailleurs des cristaux aussi grands n'ont été découverts.
Également en Ariège, la mine de Trimouns est l'une des plus importantes exploitations de talc au monde. Sa production est d'environ 400 000 tonnes. Cette mine produit de rares minéraux, tels que la bastnäsite (cristal jusqu'à plus de 2 cm), la parisite (un peu plus d'un cm), la synchisite, la monazite, l'allanite, la dissakisite, le xénotime, l'hingganite (cristaux jusqu'à 8 mm), l'iimoriite et la trimounsite (jusqu'à 3 cm), découverte à Trimouns pour la première fois. Un nouveau minéral a été découvert à Trimouns récemment, la gatélite. Ce minéral a été nommé en l'honneur de P. Gatel, président-fondateur de l'Association Française de Microminéralogie (A.F.M.). Cette association a grandement contribué à la connaissance de la minéralogie de la France, notamment par ses nombreuses études et publications. Plusieurs espèces nouvelles ont, en effet, été découvertes grâce à la passion et au dynamisme des membres de l'A.F.M.
Enfin, toujours en Ariège, on ne peut oublier de citer Laquorre pour ses très rares, mais excellents, spécimens de lanarkite. Ce minéral a été signalé par Jannettaz en 1873 à partir d'une découverte faite dans les tiroirs du Muséum à Paris !

La Mine d'or de Salsigne (Aude) fut exploitée jusqu'à il y a peu, produisant en 1997 environ 3 000 kg d'or. Ce gisement fut découvert en 1892 et exploité pour l'or à partir de 1909. L'or n'y est que très rarement visible, mais l'exploitation a produit de nombreuses espèces de minéraux, on peut citer : chalcophyllite (jusqu'à 1 cm), vivianite (jusqu'à 5 cm), gypse, ludlamite (cristaux jusqu'à 2 cm), childrénite (jusqu'à 2,5 cm), cronstedite, azurite, malachite, aragonite coraloïde (en "forme de corail"), calcite sur pyrite, etc.

Le Tarn se distingue par ses nombreux gisements de fluorite, certains sont la source de spécimens exceptionnels de ce minéral. A noter les mines de Montroc, du Burc, de Peyrebrune, du Moulinal. D'autres minéraux très intéressants accompagnent la fluorite dans ces gisements, comme le quartz, la sidérite, la sphalérite, la bournonite ou la galène. Vers Castres, la mine de Saint-Salvy a produit de remarquables spécimens de pyromorphite verte, en "touffes" de très fines aiguilles "vert-herbe".

La France a eu de nombreuses exploitations pour l'uranium à partir des années 1950. De très nombreuses découvertes minéralogiques ont pu être faites. Notons plus particulièrement en Aveyron, l'indice de Margabal, exploré de 1957 à 1960, qui a produit à l'époque, mais surtout ces dernières années lors de travaux faits par des collectionneurs, d'incroyables spécimens. Un des meilleurs spécimens a été acheté par le Muséum à Paris, c'est une stalactite de torbernite de près de 50 cm !!! Toujours en Aveyron, d'excellents gisements de fluorite sont à signaler, tels que Valzerge et Le Kaymar (réputé, aussi, pour ses quartz babéliens).

En Lozère, la Mine de Sainte Lucie, exploitée depuis la fin du XIXème jusqu'aux années 1940, pour le plomb, fut retravaillée vers la fin des années 1980 pour les spécimens minéralogiques. Le gisement était connu pour un minéral peu commun, la stolzite, un tungstate de plomb. Il fut découvert alors les meilleurs spécimens connus de l'espèce, aussi bien en taille, jusqu'à 7 cm, qu'en esthétique. Les cristaux de stolzite sont parfois associés à des cristaux de cérusite, plus rarement à la pyromorphite ou à la galène. Diverses équipes de prospecteurs courageux ont prospecté cette mine. Elles ont pu ainsi enrichir la connaissance de la minéralogie de la France et contribuer à la protection du patrimoine minéralogique. Suite à ces découvertes, de nombreuses publications ont pu être faites.

Dans le Gard, la mine des Malines, à Saint-Laurent-le-Minier couvre une surface de 3 km par 2,5 km, et les travaux représentent environ 300 km de galerie. La mine ferma en 1994, après avoir produit presque un million de tonnes de métaux, dont du zinc, du plomb, et 250 tonnes d'argent. Le gisement est réputé pour ses spécimens de barite blanche sur lit de sphalérite brune ou rouge, associées à la bournonite grise. La bournonite de Saint-Laurent peut atteindre d'importantes dimensions, les cristaux de plus ou moins 5 cm sont un classique apprécié pour le site, certains cristaux allant jusqu'à 10 cm, ce qui pour l'espèce est proche du record. Les Malines ont produit aussi de curieux spécimens de galène réticulaire.

En Corrèze, près d'Ussel, la Mine des Farges fut exploitée de 1972 à 1984. Dès le début de l'exploitation, mais surtout dans les années 1976-1979, de fantastiques spécimens de pyromorphite ont été découverts, notamment dans de variées et vives nuances de vert, très appréciées. Une véritable ruée à la pyromorphite se déclencha, et les spécimens des Farges furent diffusés dans le monde entier. Tous les collectionneurs connaissent le nom de ce lieu dit plus que perdu, et tous les musées de minéralogie se doivent d'en avoir des spécimens, tant leur qualité est exceptionnelle. De récentes découvertes en Chine et aux USA remettent en cause la suprématie des Farges en tant que meilleure source de pyromorphite. Les Farges ont donné également de sympathiques spécimens de wulfénite orange vif sur pyromorphite verte.

Dans le massif du Forez, Puy-de-Dôme, les pegmatites de Beauchaud sont un des hauts lieux de la minéralogie de la France. Les béryls (bleutés, jusqu'à 7 cm), tourmalines (jusqu'à 12,5 cm !) et grenats (maximum 1,7 cm de diamètre) qui ont été découverts sont des plus remarquables. Certains spécimens de grenat sur tourmaline sont époustouflants ! Le gisement n'a été que très superficiellement exploré, la possibilité de fouille de plus grande dimension apporterait beaucoup à la connaissance de la minéralogie de la France.
Toujours dans le Puy-de-Dôme, les mines de Pontgibaud et plus particulièrement la mine du Pranal, ont produit de bons spécimens de galène, de bournonite et surtout de remarquables spécimens de tétraédrite riche en argent, variété freibergite.

La fluorite a également été découverte en très beaux spécimens dans le district minier de Langeac, où l'on peut citer les mines de Marsanges (filon de 18 m de puissance !), du Barlet, de Dreyt, et dans le district de Chavagnac-Lafayette. La mine du Beix est bien sûr à ne pas oublier, notamment pour ses fluorites bleues.

La Haute-Loire est également l'origine de légendaires cristaux de zircon et de saphir, recherchés depuis au moins le moyen-âge, et dont les gisements, vers Espaly, ont été étudiés dès la fin du XVIIIème, notamment par Faujas de Saint-Fond.

Au début des années 1970, à la mine de Maine-Reclesnes près d'Autun en Saône-et-Loire furent découvertes vers -125 mètres de très importantes géodes, de plusieurs dizaines de mètres carrés, entièrement tapissées des cristaux de barite jaune en "sifflet" ou en "coins". Le gisement fut productif jusqu'à la fin des années 1970.
En Saône-et-Loire encore, le gisement de manganèse de Romanèche est célèbre pour deux minéraux qui y ont été découverts, la romanèchite et l'arsénosidérite. Les meilleurs spécimens de ces espèces y ont été trouvés vers le milieu du XIXème siècle. L'arsénosidérite le fut en 1841 par Tony Lacroix, grand-père d'Alfred Lacroix, le célèbre professeur de minéralogie du Muséum de Paris. L'espèce fut décrite et nommée par Dufrenoy.

Les mines de Chessy, à 25 km au Nord-Ouest de Lyon, sont connues depuis le XVème siècle. Un édit de 1413 de Charles VI évoque la mine. En 1809, le maître mineur saxon Wöller découvre un important filon de carbonate de cuivre, en l'occurrence d'azurite, dès lors appelé "mine bleue", de la couleur de ce minéral. De très nombreux et magnifiques spécimens d'azurite, de malachite, de smithsonite et de cuprite, le plus souvent pseudomorphosée en malachite, sont découverts. Ce gisement, célèbre dans le monde entier, resta pendant un siècle le meilleur pour ces espèces. Depuis d'autres gisements ont produit des spécimens plus spectaculaires, mais les spécimens de Chessy restent de grands "classiques" de la minéralogie. La mine s'appauvrit dès la fin des années 1830. Vers la fin du XIXème siècle, le gisement est exploité pour la pyrite, qui sert alors à fabriquer de l'acide sulfurique, tout s'arrête en 1877. Il y a alors longtemps que les beaux spécimens ne sortent plus de la mine. Un des terrils de la mine a été acheté dans les années 1980 par une association de minéralogie. Des fouilles y sont possible après autorisation.

Le gisement français qui a produit le plus d'espèces de minéraux est la mine de Cap-Garonne, près du Pradet, Var. Cette mine a donné une centaine de minéraux différents, avec plusieurs espèces nouvelles identifiées ces trois dernières décennies, dont bon nombre portent le nom des minéralogistes amateurs qui les ont découvertes.
Au nord du massif de l'Estérel, non loin de Cannes, la mine de Fontsante (les Adrets, Var), une importante mine de fluorite, a été exploitée jusqu'en 1986. Des spécimens de fluorite de toutes les couleurs ont été extraits : des incolores, "en stalactite", avec des cristaux violets, rosés, verts, jaunes aux formes les plus variées comme le cube ou l'octaédre. De plus, outre le quartz, la galène, la calcite et la barite, des minéraux plus inhabituels tel que l'acanthite et la proustite ont été découverts. Mais ce que Fontsante avait de plus remarquable, reste le très fort pourcentage de sellaïte dans le minerai tout venant.

En haute-vallée du Var (Alpes-Maritimes), dans les gorges de Daluis, les anciennes mines du dôme de Barrot ont produit une exceptionnelle minéralogie. En effet, pas moins de six espèces nouvelles depuis moins de 10 ans ont été identifiées. De plus, de très beaux spécimens de cuivre natif y ont été découverts, notamment lors de l'activité minière de la fin du XIXème siècle, plus particulièrement aux indices de Roua.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Saint Pons, d'importantes lentilles de sidérite contenues dans des marnes callovo-oxfordiennes contiennent une minéralisation sulfurée. Vers la fin des années 1980, de fabuleuses découvertes de rares sulfosels de plomb et de cuivre ont été faites. Les meilleurs spécimens connus de chalcostibite sont découverts, de même que de très bons spécimens de zinkénite et dadsonite, Gîte de Saint-Pons étant la cinquième référence mondiale pour l'espèce. Plus classique, la paragénèse comprend également de la bournonite, de la boulangérite et de la tétraédrite.

L'Oisans, en Isère, est depuis la fin du XVIIIème siècle un paradis pour les minéralogistes. De nombreux gisements s'y trouvent et produisent des spécimens remarquables. Citons la mine d'or de La Gardette, exploitée dès 1781, qui n'a jamais produit beaucoup d'or mais qui, par contre, a produit de fantastiques spécimens de quartz, parmi les meilleurs au monde. Les cristaux de quartz sont parfois maclés à 84°33, en macle dite de La Gardette. Cette macle a été décrite pour la première fois à partir de spécimens de cette mine par Weiss en 1829, puis réétudiée par Des Cloizeaux vers la fin du XIXème siècle. Cette mine a produit également de gros cristaux de chalcopyrite, de la brannérite, de l'aïkinite, de la sidérite, des spécimens d'or, etc.
Une autre mine historique d'Oisans est la mine des Challanches, exploitée à partir de 1767 jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. Dix tonnes d'argent en ont été extraites, ce qui somme toute en fait un petit gisement, mais le minerai y était concentré et donc l'exploitation fut très rentable. Environ soixante espèces de minéraux y ont été découvertes. Un oxyde d'antimoine y a été identifié pour la première fois en 1783 par Mongez et nommé valentinite, ainsi qu'une association particulière de deux substances : un minéral, le stibarsen (AsSb hexagonal), et un élément natif, l'antimoine. Cette association est nommée allemontite, d'après le village d'Allemont, où se situait la fonderie.
D'autres gisements en Oisans ont été la source de premières descriptions. Citons la découverte de l'épidote au Cornillon en 1782, celle de l'axinite vers 1780/81 à la Balme d'Auris, de l'anatase en 1783, remarquée par De Bournon au filon de Font-Poulain, commune de Maronne, également co-localité type avec Chamonix pour la titanite décrite par Pictet en 1787, de la brookite au Plan du Lac, co-localité type avec un gisement du Royaume Uni, Tremadog.

On ne peut oublier les remarquables spécimens de préhnite de la Rivoire et de la Combe de la Selle, produisant des spécimens parmi les meilleurs de l'espèce. Romé de l’Isle décrit la préhnite en 1783, suite à une découverte de De Bournon, et Haüy dans sa "Minéralogie ", publiée en 1801, évoque les spécimens découverts par Schreiber à la Rivoire en 1782.

Le massif au sud d'Allevard a été l'objet d'exploitation pour le fer à partir de la sidérite depuis le Moyen-Age. D'excellents spécimens de sidérite, de quartz, parfois en macle de La Gardette, de quartz sur sidérite, font de ce gisement un haut lieu de la minéralogie. Les sidérites d'Allevard peuvent être considérées comme parmi les meilleures connues. La bournonite et la tétraédrite ont également été découvertes à Allevard. La plupart des spécimens ont été extraits dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Le pendant du massif d'Allevard existe en Savoie, c'est le petit massifs des Hurtières. Mais ici rien n'attire l'amateur de belles pièces minéralogiques : tout est massif ! Cela n'a pas empêché la renommée des mines de St-Georges et la création de l'éco-musée de site à La Minière !

Entre Maurienne et Tarentaise, en Savoie, la massif de la Lauzière est riche de nombreuses espèces curieuses. On peut remarquer plus particulièrement l'anatase avec des cristaux jusqu'à 4,6 cm, ce qui est remarquable pour l'espèce.

Le quartz est recherché depuis des siècles dans le massif du Mont-Blanc, des documents l'attestent dès le dix-septième siècle. A cette époque les cristaux sont recherchés pour être vendus aux tailleries, notamment de Paris, Genève et Milan. Les hommes exploitant les cristaux de quartz pour en faire le commerce sont appelés "cristalliers". L'intérêt pour les spécimens de collection n'apparaîtra qu'à la fin du dix-huitième siècle. De nos jours encore, d'intrépides cristalliers parcourent le massif du Mont-Blanc à la recherche de spécimens. La pratique de l'alpinisme est de rigueur. Cette collecte permet de sauver de très nombreux spécimens, qui sinon seraient détruits par l'érosion, notamment le gel, la glace et les éboulements. Le massif produit de fantastiques cristaux de quartz fumé et incolore, parfois avec une cristallisation particulière appelée gwindel, et d'inouïs cristaux de fluorite rose, les meilleurs connus. De très nombreuses autres espèces ont été découvertes. Diverses publications existent à ce sujet, dont un remarquable hors-série de la revue "Le Règne Minéral".

En Alsace, les mines de Sainte-Marie-aux-Mines sont depuis longtemps réputées pour les nombreuses espèces de minéraux qui s'y trouvent. Le célèbre Monnet écrivait, suite à sa visite de la vallée Ste-Marie, en 1757 : « au nom des mines de Ste Marie, ceux qui ont quelques connaissances dans l'histoire de l'exploitation des mines, reconnaîtront une des plus renommées, des plus anciennes et des plus considérables du monde et qui les surpasse peut-être toutes par la variété et la quantité prodigieuse de mines et minéraux qu'elle a fournie. Si quelqu'un en doutait, il n'a qu'à consulter les catalogues des cabinets minéralogiques des princes. Il se convaincra que presque les plus beaux morceaux de toutes les espèces qui composent les collections sortent de cette exploitation. En effet, si l'on excepte l'or et l'étain, il n'y a point d'espèces de métal, mines et minéraux que les filons de Sainte-Marie n'aient fournis...».
Monnet nous dit également : « en 1770, on trouva une grande quantité de terre molle, ou ce que les mineurs appellent gur d'argile ou letten, dans laquelle on découvre environ 60 marcs d'argent vierge, sous forme de filets entortillés les uns autour des autres et formant des paquets, ou de petites branches fort fines. On n'eut que la peine d'emporter par le lavage cette terre et d'en séparer l'argent, qu'on vendit presque entièrement aux amateurs d'histoire naturelle...».
Mühlenbeck rapporte que l'on découvrit dans la mine "Glückauf" en 1772 « de l'argent natif arborescent d'une telle beauté qu'on ne le fondit point, mais qu'on le vendit tel quel ».

De nombreuses espèces ont été découvertes pour la première fois au monde en vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, dont une bonne partie ces dernières décennies, notamment à la mine Gabe-Gottes, niveau -40 (www.gabe-gottes.com). Notons la dervillite, la ferrarisite, la fluckite, la mcnearite, la phaunouxite, la rauenthalite, la sainfeldite, la villyallenite et la weilite. Le filon Saint-Jacques dans la vallée de Sainte-Marie est réputé pour la lautite, dont il constitue l'un des meilleurs gisements connus au monde. Différentes mines de la vallée sont célèbres pour les minéraux de néoformation, notamment des arséniates calciques et calcomagnésiens tels que la pharmacolite et la picropharmacolite, ou encore la monohydrocalcite.

D'autres sites seraient à développer pour les Vosges, comme la mine Saint-Nicolas à Steinbach, près de Mulhouse, où l'association "Potasse" réalise un colossal travail de mise en valeur du site (www.kalitroc.com), ou encore Framont-Grandfontaine pour ses scheelites et phénacites, Maxomchamps pour ses fluorites, etc.

En conclusion, un état de l'étude de la minéralogie de la France peut être donné par Henri-Jean Schubnel, Professeur au muséum à Paris, et Pierre-jacques Chiappero, maître de conférence au muséum à Paris : "A partir des années 1980, l'activité de minéralogie descriptive a diminué jusqu'à disparition quasi complète en France. Depuis lors, très peu de scientifiques ou universitaires en France s'intéressent à la minéralogie descriptive, de sorte que les nombreux amateurs existants se tournent de plus en plus vers l'étranger. Les résultats sont particulièrement impressionnants. De 1985 à 1995, environ 1/4 des 84 espèces nouvelles découvertes pour la première fois en France ont été décrites par des chercheurs étrangers consécutivement à des envois faits par des amateurs. Ce chiffre peut être expliqué en partie par l'existence d'une technologie permettant de décrire des minéraux de plus en plus petits. Mais il est aussi lié à la maturité intellectuelle de la communauté des minéralogistes amateurs qui avec le développement des bourses et la facilité des échanges internationaux a acquis une grande expérience visuelle, apte à reconnaître bien souvent le caractère si ce n'est nouveau tout au moins intéressant des minéraux qu'elle recueille. Par leur grand nombre, ces amateurs multiplient les observations et donc les chances de rencontrer de nouvelles espèces, ce que les résultats prouvent depuis de nombreuses années".

Ces vingt dernières années, le nombre de publications sur la minéralogie de la France écrites par des non professionnels, seuls ou en collaboration avec des professionnels, est particulièrement important : articles dans des revues spécialisées, édition d'ouvrages particuliers, etc. La minéralogie de la France et en France a ainsi bénéficié d'un phénoménal renouveau, et d'un dynamisme extrêmement soutenu.



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