Météorite de Caille

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Météorite de Caille
Unique bloc connu d'une chute s'étant produite au XVIIe siècle, la météorite de Caille a été achetée par le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris qui en garde 625,950 kg, le reste ayant été réparti dans divers musées et lors d'échanges. Cette chute serait-elle à mettre en relation avec celle d'une autre météorite, de 19 kg, qui se serait produite entre Guillaumes et Péone le 29 novembre 1637, et dont aucun fragment n'a été conservé ?

Caractéristiques de la météorite de Caille, telles qu'elles apparaissent dans le Meteoritical Bulletin : " Iron, ungrouped, octahedrite, medium 1.1mm, schocked and recrystallized " ( http://tin.er.usgs.gov/meteor/metbull.php?code=12393 ).


L'histoire mouvementée d'un objet céleste échangé contre une hypothétique horloge.

La météorite de Caille est connue depuis le début des années 1800. Elle servait de banc devant l'église avant que sa nature ne soit mise en évidence. Selon les témoignages recueillis à l'époque, elle provenait du massif de l'Audibergue, à quelques kilomètres au sud-est du village, où elle aurait été découverte vers 1650-1700 avant d'être tirée jusqu'au village par 4 boeufs.

Enfin reconnue pour ce qu'elle était, elle fut vers 1828 l’objet de convoitise de la part du Muséum Royal d’Histoire Naturelle de Paris.
Son Excellence le ministre de l’Intérieur de l’époque, sur demande de l’Académie des sciences, prie le sous-préfet de l’arrondissement de Grasse de bien vouloir faire connaître à Monsieur Le Maire de Caille que ladite Académie est désireuse d’acheter cette masse de fer sur les fonds du budget général afin qu’elle soit expédiée au Muséum d’Histoire Naturelle.
À la suite de cette demande, le 28 novembre 1828, le conseil municipal de Caille délibère sur le sujet, M. Le Maire précisant « que s’agissant d’enrichir un muséum royal dont la France entière se glorifie, il y avait lieu de pressentir de la part de MM. les membres du Conseil une réponse désintéressée et en tout conforme aux sentiments d’amour et de dévouement dont ils sont animés pour sa Majesté » (Charles X, le Bien-Aimé).

Et de fait, le conseil municipal décide d’offrir au Roi cette masse de fer et « de prier son Excellence le ministre de l’Intérieur de bien vouloir faire agréer à sa Majesté le don qui en est fait ».
Toutefois, le conseil municipal, au vu des revenus très limités de la commune, se permettra de réclamer et de supplier son Excellence de bien vouloir accorder à la commune quelques subsides pour divers projets comme réparer et agrandir l’église, placer une petite horloge au clocher…
Quatre mois plus tard, le 11 mars 1829, voici la réponse que l’administration du Muséum d’Histoire Naturelle « Au Jardin du Roi » adressait au Préfet :
« M. Le Maire de Caille ne s’est vraisemblablement pas douté qu’il faisait une demande exorbitante en demandant une horloge faite à Paris », et les professeurs administrateurs du Muséum de l’époque, signataires de ce courrier, de demander que soit exécutée l’expédition de la masse de fer météorique au Muséum, conformément aux intentions de son Excellence le ministre de l’Intérieur.

En 1841, un érudit varois, Étienne GARCIN, journaliste légaliste, poète, littérateur, publie la seconde édition d'un Dictionnaire Historique, Géographique et Toponymique de la Provence. Il y relate l’histoire de la découverte et de la transaction, contre une horloge, qui amena le beau " Fer " de Caille à rentrer dans la collection du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris où il se trouve depuis :

« Un berger la découvrit, il en instruisit son maître qui la fit traîner par des boeufs jusque dans la plaine où elle fut abandonnée ; un maréchal-ferrant, la prenant pour du fer la fit transporter à Caille, près de sa boutique ; il en brisa un morceau pour essayer de le forger.
Il en fit des fers de mulet, mais il négligea d’œuvrer le reste du bloc... et, depuis plus de 50 ans, il servait de siège dans la rue... et vient d’être transporté à Paris comme une pièce rare et fort curieuse. En paiement, le gouvernement a fait cadeau au village d’une jolie horloge très bien confectionnée... ».

Ce récit, écrit seulement 13 ans après les négociations, donne à penser qu’il reflète fidèlement la réalité des faits et qu’une horloge fut bien donnée au village de Caille. Toutefois, en 1830, le conseil municipal demande au Préfet d’acheter une horloge pour le clocher nouvellement construit.
L’autorisation est accordée le 24 juin 1830 et l’horloge confectionnée par un horloger de Grasse…


En 1860, La Savoie et Nice deviennent françaises, Louis Napoléon Bonaparte qui, depuis la réaction des varois à son coup d'État cherche une occasion d'affaiblir le département, décrète que le Comté de Nice est trop petit pour former à lui seul un département. Il détache du Var l'arrondissement de Grasse, pour créer le département des Alpes-Maritimes, privant ainsi le département du Var de son fleuve éponyme… C'est ainsi que Caille se retrouve dans les Alpes-Maritimes.

En 1869, l’abbé TISSERAND publie la Géographie des Alpes-Maritimes et relate lui aussi la chute de la météorite de fer. Il précise que le curé Blanc et le maire Funel de cette époque ont adressé, en 1859, une lettre à l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III, sur lequel elle avait une grande influence) sollicitant des fonds pour que puisse être reconstruite l’église paroissiale. Ce courrier rappelle à l’impératrice que le village de Caille en échange de la météorite n’a reçu qu’une petite horloge.

Les détails relatés dans les différents courriers écrits par des personnes dignes de foi, laissent à penser qu’il y aurait bien eu don d’une « petite » horloge. Cet adjectif « petite » qualifie cette horloge dans tous les courriers, et l’on pourrait supposer qu’une fois le clocher reconstruit, cette horloge trop « petite » ait été remplacée par une autre...

Qu’est devenue la première horloge, a-t-elle réellement existé ? Les deux horloges ne seraient-elles qu’une même et seule horloge ?


« La Caille » - nom donné à la météorite - n’est, actuellement, plus exposée. Elle avait fait partie de l’exposition temporaire « Météorites » en 1996-1997 au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris.
La galerie de minéralogie du Muséum doit être rénovée, agrandie et d’ici quelques années ce « bloc de fer », qui a quand même fait couler beaucoup d’encre, pourra de nouveau, espérons-le, être rendu à la vue de tous…


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