Vésuve

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VESUVE

Le Vésuve situé à quelques kilomètres au sud-est de Naples est le volcan le plus célèbre du monde. Limité au nord et à l'est par la route qui le contourne, au sud et à l'ouest par la côte.

Le Vésuve est un impressionnant cône tronqué à sa partie supérieure. On distingue deux sommets : la Somma du côté nord qui culmine à 1132 mètres et le Vésuve proprement dit au sud , qui atteint 1281 mètres.

Ces deux édifices imbriqués l'un dans l'autre sont séparés par une vallée en arc de cercle, la Valle del Gigante. Cette dépression est nommée Atrio del cavallo au nord et Valle dell'inferno au sud.

La Somma dont il ne reste que la paroi nord-est présent une falaise de 200 mètres sur cette vallée et descend en pentes douces vers l'extérieur. Le secteur sud-ouest de cet appareil vocanique a été enseveli par le Vésuve proprement dit, plus jeune.

La colline de Eremo sur laquelle se trouve l'observatoire volcanologique est le seul témoin de la partie ouest de la Somma.

Le complexe Somma-Vésuve est un exemple classique de volcan double. Les cônes adventifs sont rares sur les flancs de l'édifice. Sur le côté sud cependant , se dresse un petit cône appelé Camaldoli di Torre qui s'est formé lors d'une éruption préhistorique de type excentrique.

Quelques très petits appareils volcaniques résultant d'éruptions latérales de 1760, 1794, 1861 sont encores visibles. Il existe encore deux dômes, Colle Margherita et Colle Umberto née respectivement en 1891 et 1895

SITUATION GEOLOGIQUE

La Somma- Vésuve repose essentiellement sur une série à faciès flysch du secondaire et du tertiaire. On distingue de haut en bas :

1) les grès, les argiles et les marnes du tertiaire que l'on retrouve dans les éjections du cratère.

2) les calcaires du Jurassique et du crétacé en xénolithes dans les produits volcaniques.

3) les dolomies du trias dans lesquelles se trouve le réservoir de magma du volcan.

La présence des calcaires et des dolomies dans le soubassement de la Somma-Vésuve explique l'évolution magmatique de l'édifice. En fait, le volcan ne repose pas directement sur les sédiment du tertiaire mais sur les tufs gris de Campanie. Il semble que la base de la Somma-Vésuve soit située 1000 mètres au-dessous du niveau de la mer. La série sédimentaire, quant à elle, aurait plusieurs kilomètres d'épaisseur, le réservoir de magma se trouvant dans les dolomies serait à 5,5 kilomètres de profondeur.

EVOLUTION- AGE DES ERUPTIONS

La Somma-Vésuve a commencé sa formation au Pléistocène supérieur, elle s'est poursuivie jusqu'en 1944.

Il y a 4 stades d'évolution importants ;

1) La Somma primitive

La première phase d'activité du volcan se situe avant la venue des tufs jaunes napolitains des Champs Phlégéens datés d'il y a 10 mille ans. La Somma primitive naît d'une formidable explosion au Pléistocène supérieur, au Würm terminal plus exactement, il y a 12 mille ans. Une grand quantité de cendres phonolitiques mêlées à des scories, des ponces et des blocs de roches sédimentaires métamorphisés par contact se met en place. Plus tard des coulées de laves visqueuses sont vomies par l'édifice. Une longue période de repos qu dure 2 mille ans, suit. Un effondrement de topit de la chambre magmatique entraîne une transgression locale de la mer. Le magma monte légèrement, le réservoir s'installe à 5,5 kilomètres de profondeur dans les dolomies du trias. L'assimilation des roches encaissantes (dolomies et calcaires) enrichit progressivement le magma en calcium et en magnésium. La cheminée étant bouchée, un volume de gaz énorme s'accumule.

2) La Somma ancienne

Il y a 8 mille ans une éruption paroxysmale ébranle le volcan, la Somma ancienne se forme. Des explosions et des effusions de laves édifient un strato-volcan de 1000 mètres de haut. Cette période dure 2500 ans, puis la cheminée s'effondre, le volcan se bouche pour un laps de temps assez long. Les gaz une fois de plus s'accumulent et préparent une nouvelle éruption. La lente assimilation des dolomies se poursuit.


3) La Somma récente

Il y a 5000 ans une très forte éruption paroxysmale pulvérise la partie supérieure du contenu du foyer magmatique. Des ponces, des scories et des morceaux de marnes du Tertiaire sont éjectés en grande quantité, la Somma récente se forme. Cette grosse éruption passée, de petits dynamismes éruptifs éjectent cendres et scories. Après une période de repos assez longue, une deuxième éruption paroxysmale, avec la même évolution de chimisme que la précédente se déclenche, puis une troisième qui est de loin la plus intense. Cette dernière date du 12 ème siècle avant J.C.. A ce moment-là, le strato-volcan de la Somma atteint 2000m de haut. L'activité du sommet diminue, le magma s'injecte en dykes, en sills de téphrites phonolitiques à leucite. Des coulées de lave s'épanchent sur les flancs de l'édifice. Une longue période de repos recommence. Cela dure jusqu'au quatrième et dernier paroxysme de la Somma récente, en 79 après J.C. C'est la fameuse éruption qui détruit Pompéi, Herculanum, et Stabies. Des cendres tombent sur tout les alentours du Vésuve, sur Pompéi en particulier; des coulées de boue chaude ensevelissent Herculanum et un épanchement de lave de téphrite à leucite de 5 kilomètres de long, celui de Castello di Cisterna, se met en place. L'activité de la Somma est terminée.

4) le Vésuve

Au III ème siècle après J.C. , le cône du Vésuve se forme au cœur de la Somma récente. L'histoire du Vésuve est divisée assez arbitrairement en deux stades : avant 1631 et après cette date. L'éruption de cette année là fut particulièrement violente; depuis, le volcan a eu plusieurs dizaines éruptions plus ou moins importantes. Rien qu'entre 1712 et 1872 il y eut 11 périodes éruptives!

ERUPTIONS HISTORIQUES

Le Vésuve est le type de volcan à évolution inversée. En effet, au cours de son histoire, les éruptions qui étaient surtout explosives dans l'Antiquité sont devenues de plus en plus effusives, le dernier exemple étant l'activité de 1944. Pour la plupart des autres volcans du globe c'est les phénomène inverse qui se produit, c'est à dire qu'on passe d'une phase d'une activité effusive à une activité explosive. Cette évolution du Vésuve est en rapport avec les laves qui sont devenues de plus en plus basiques par l'assimilation croissante des carbonates et par l'importance grandissante du transport d'ions; le magma est donc devenu de plus en plus fluide.

Avant d'étudier les éruptions historiques les plus importantes il faut définir l'activité volcanique du Vésuve.

En général chaque éruption se divise en trois phases :

1) la phase initiale qui débute par une augmentation de la température et de l'acidité des fumerolles et une activité sismique croissante; les exhalaisons de vapeurs commencent par de fortes explosions.

2) la phase de maturité qui est caractérisée par l'alternance de stades explosifs et effusifs interrompus par d'éventuelles périodes de repos.

3) la phase finale qui est une éruption de flanc paroxysmale avec des effusions rapides et de explosions dans le cratère central au sommet.

Parmi les très nombreuses éruptions du Vésuve certaines sont particulièrement caractéristique.

Eruption de 79 après J.C.

Au XII ème siècle avant J.C. la Somma récente semblait éteinte. Une fresque de Pompéi conservée au Musée national de Naples montre la montagne recouverte d'arbres et de vignes sauvages. Strabon pourtant, en l'an 30 avant J.C. parle de la Somma en disant que son sommet est fait de roches noires, de sables, comme sorti du feu des gouffres de la terre. Un premier signe prémonitoire est le tremblement de terre du 5 février de l'an 63 après J.C., Son épicentre se situe au cœur de la Somma récente, sa magnitude aurait été très élevée. Les villes de Pompéi, Herculanum et Naples subissent quelques dégâts. L'éruption commence le 24 août ou le 24 octobre de l'an 79 après J.C. . La découverte d'olives fraîches dans les maisons de Pompéi serait en faveur de la date du 24 octobre. Pline le Jeune dans ses lettres a très bien décrit l'éruption.

L'éruption dure 3 jours, le 26 le temps est à nouveau clair. Pompéi est recouverte de 7 mètres de cendres et lapillis, Herculanum d'une épaisseur de 15 à 25 mètres de boue, il y a eu plus de 2 mille victimes. L'activité du volcan juste après cette éruption paroxysmale, la dernière de la Somma récente, est mal connue. On sait que le Vésuve proprement dit qui naît après cette éruption est très actif. Les éruptions de 1430, 1440, 1500 sont incertaines. L'activité la plus importante après celle de 79 après J.C. sera l'éruption de 1631.


Eruption de 1631

Après 130 ans de calme, alors que la végétation s'est installée jusqu'au sommet et que l'Atrio des Cavallo est habité et cultivé, le Vésuve se réveille. Entre juillet et décembre 1631 des tremblements de terre ébranlent le volcan. En décembre l'eau manque dans les puits, les animaux domestiques hurlent la nuit. Le 16 décembre au matin des cultivateurs voient un nuage étrange, traversé d'éclairs au-dessus du cratère. Brusquement des explosions fortes expulsent des lambeaux de lave en fusion et des nuages de cendres forment comme des pins parasols au-dessus du volcan.

Vers 11 heures du matin, des fissures s'ouvrent au pied nord du cône, des laves sont vomies, des nappes de gaz toxiques se répandent, 40mille habitants pris de panique cherchent refuge à Naples. Dans la nuit du 16 au 17 décembre de fortes secousses mettent les habitations en péril. Le lendemain matin, le sommet du volcan est décapité par une formidable explosion, des blocs gigantesques sont projetés à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. A 9 heures, une coulée de boue impressionnante descend sur le côté ouest du Vésuve, elle détruit plusieurs villages et se jette dans la mer. Au même moment, un fort tremblement de terre donne naissance à trois lames de fond. A 10 et 11 heures, des coulées de laves jaillissent de deux fissures radiales, elles atteignent une vitesse de 3km/h, elles ensevelissent 4 villes pour s'arrêter dans la mer.

A midi, à Naples, il fait nuit, tellement il y a de cendres dans l'air. Le 18 décembre, les explosions et les effusions s'arrêtent. Quand le nuage de cendres et de vapeur se dissipe, les habitants constatent que le Vésuve est décapité, l'activité se poursuit pourtant jusqu'aux premiers jours de 1632 par quelques petits tremblements de terre et des éjections de cendres. Les poussières volcaniques sont allées jusqu'à Constantinople. Le diamètre du cratère passe de 600 à 1600 mètres. La végétation au pourtour du volcan a disparu, cet évènement a fait plus de 4000 mille victimes.

PETROGRAPHIE- MAGMATOLOGIE

A l'exception des produits de la Somma primitive qui sont des phonolites à néphéline et sodalite, toutes les laves du volcan sont des roches à leucite.

Le Vésuve proprement dit est surtout caractérisé par des leucitites téphriques.

Toutes ces laves contiennent des enclaves qui sont des roches sédimentaires arrachées aux parois du réservoir et métamorphisées par contact, ou des roches volcaniques de profondeur. Les blocs de sédiments sont souvent très minéralisés par pneumatolyse; on y a trouvé plus de 180 minéraux différents, on a même découvert des minéraux instables et nouveaux comme la mercallite et la palmiérite, noms donnés en l'honneur des deux volcanologues Mercalli et Palmieri. Toutes ces minéralisations se récoltent, assez difficilement d'ailleurs, dans les parois de la Somma.

La magmatologie a donné lieu à de nombreuses recherches surtout de la part du professeur Rittmann. La théorie de l'assimilation de carbonates par un magma fut proposée pour expliquer l'évolution magmatique du volcan. Depuis, cette théorie a été complétée et a permis une interprétation très élaborée. Le réservoir de magma se trouverait à 5,5 kilomètres de profondeur et aurait la forme d'un grand cylindre de 4 kilomètres de haut et de 4 kilomètres de diamètre. Le toit et les parois du foyer seraient composés de dolomies triasiques.

GEOPHYSIQUE

L' observatoire volcanologique du Vésuve, le plus ancien du monde, est équipé de nombreux appareils de géophysique et surtout de sismographes qui fonctionnent 24 heures sur 24. Les géophysiciens distinguent deux sortes d'agitations microséismiques au Vésuve.

1) l'agitation harmonique qui correspond à une activité persistante due au heurtement des masses magmatiques contre les parois du réservoir;

2) l'agitation spasmodique qui est significative d'une ouverture par saccades d'une fissure en profondeur ou de l'expulsion violente de masses magmatiques.


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